Delphinéa dans le vent des CaraÎbes
lisbonne
les dauphins |
Lisbonne
Finalement nous trouvons un autre fournisseur, qui sans réduc, est encore moins cher, à qui je peux payer par carte et qui livrera au port de Porto Santo. Donc nous sommes partis, au milieu de la nuit de telle sorte d’arriver dans l’après-midi à Lisbonne. Nous savons que le vent est faible et que nous risquons d’utiliser la brise Total. En effet pas d’air. Mais c’était cela ou attendre encore à Porto pour traverser sur Madère car dans deux jours une dépression arrivera un peu au Nord des Açores et générera un vent de Sud à Ouest sur notre secteur. Donc pas terrible du tout.
Donc nous partons vers Lisbonne à trois heures dans la nuit. Peu de vent pour la manœuvre, heureusement car ce n’est pas large et je dois culer vers le côté où Delphinéa n’aime pas aller. Nous arrivons à culer à peu près comme il faut, et, oh surprise, en enclenchant la marche avant rien ne se passe. Un coup de marche arrière rien ne se passe non plus. Merde ! Qu’est-ce que c’est que ça encore ? Le moteur n’embraye plus ? Maintenant nous voilà avec le flanc de Delphinéa dans l’arrière des bateaux de la panne d’en face. Puis à un moment donné, à force de faire marche avant – marche arrière, la marche avant s’embraye. Mais qu’est-ce que c’était bien que ça. Nous sommes manœuvrant pour l’instant, mais nous ne pouvons pas partir comme ça pour 170 miles. Nous nous dégageons des pannes vers un endroit où il y a beaucoup de place pour manœuvrer car ne sachant pas si tout allait bien marcher, je préfère avoir de l’espace autour. Tout se passe bien dans cette manœuvre, donc l’embrayage fonctionne, au moins pour l’instant. Et nous réfléchissons. Je sais c’est plus facile pour certains que pour d’autres. Pendant les opérations marche avant marche – marche arrière l’hélice tournait car au voyait des tourbillons d’eau sur les côtés, mais pas derrière comme ça aurait dû. Alors c’était quoi ce schmilblick ? Sans doute un gros sac chopé dans l’hélice pendant la manœuvre et qui se serait décroché. Cette explication est convaincante, nous partons, cap sur Lisbonne, Lisboa en portugais.
On sort du port, un grand port de commerce, et nous voilà en mer. Pas de vent c’était attendu. Au petit matin, Edith met la ligne à l’eau. Dans la matinée, par simple curiosité, histoire de s’occuper, elle remonte cette ligne. Mon dieu qu’elle est lourde. Et soudain elle devient toute légère. Flute il s’est décroché, car il va de soi que ce ne pouvait être qu’un gros poisson. D’ailleurs pendant cette opération elle voit passer le long de la coque un gros aileron. Mais qu’est ce que c’est que c’est que ça ? Nous ne le saurons jamais. C’est l’heure du déjeuner. Aujourd’hui c’est moi qui prépare, alors pomme de terre sautées. C’est facile et c’est une des rares choses que je sais faire.
Au tout début de l’après midi nous avons la surprise de remarquer un petit souffle d’air qui paraît bien sympa. La grand voile est hissée et le génois déroulé. Babar coucouche panier, nous filons cinq bons nœuds. Du coup nous voyons arriver quelques dauphins, ils passent en nous ignorant, ce n’est pas habituel, nous sommes déçus. Puis une masse d’autres arrivent. On se plaît à rêver que les premiers, nous ayant reconnus, sont allés chercher les autres. Le rêve fait partie de la vie. Pendant sans doute plus d’une heure ils nous ont accompagnés. Ils virevoltaient autour du bateau, passant dessous et petit coucou de l’autre côté. Quelle vitesse d’exécution, quelle élégance, quelle dextérité, quelle maitrise. C’est ça que nous aimons en mer. Un petit vent porteur, une mer calme et les dauphins qui jouent autour de Delphinéa. Depuis notre départ ce fût sans doute le moment le plus fort. Les instants pour lesquels nous quittons tout sur terre pour aller se perdre sur la mer, là où le confort n’existe pas. On se croit seul, mais ce n’est pas le cas, c’est une colossale erreur de croire qu’on est seul. On a le ciel, les nuages qui défilent, la mer changeante, les jeux des dauphins familiers et nos rêves.
Le soir arrive, c’est encore moi qui fait la cuisine (désolée, depuis notre départ c’est la 4ème fois qu’il cuisine seulement, signé Dith). Alors pâtes à la Carbonara. Je pense que beaucoup s’en doutait un peu. Je suis là à ma limite de connaissance en cuisine…… sauf s’il y a un poisson !!! Mais ça c’est une autre affaire. Dans la nuit le vent se calme franchement, On enroule la voile d’avant et affalons la grand voile. Tout le reste sera au moteur. Nous sommes quand même contents car nous avons fait une bonne après-midi sous voiles.
Et puis voilà nous sommes arrivés, comme par enchantement, à Lisbonne. Nous attendrons la bonne météo en visitant la ville.
Elle n’arrive pas cette satanée météo, alors nous visitons les églises de Lisbonne. Quelle richesse, elles sont aussi parées que celles de Porto. Surchargées de dorures. La première visite fût pour le « monasteiro dos Jeronimos » en face le château de Belem. On ne peut pas aller à Lisbonne sans le visiter. Extérieur et intérieur hors du commun. La construction a commencé en 1496, ordonnée par Manuel 1er, et a duré un siècle. De l’or partout, alors qu’à l’époque beaucoup crevait de faim. A l’extérieur des sculptures en dentelles taillées dans la roche. Travail extraordinaire, gigantesque parce que le bâtiment fait bien deux cents mètres de long. La moindre ouverture, la moindre tourelle est entourée des ces sculptures.
Ce monastère est tellement grand qu’il abrite aussi le musée de la marine. Absolument fabuleux. Edith et moi ne sommes pas particulièrement attirés par les musées, mais c’est absolument incontournable. Merci le bon Michou de nous avoir motivé pour aller le visiter. Toutes les époques de la navigation et de la marine portugaises sont représentées. Des quantités de maquettes, extrêmement bien faites dans les détails, sont exposées, sous vitrine bien sûr. Au total 17.000 maquettes et objets appartiennent au musée, une sélection de 2.500 est exposée.
A un moment donné nous étions en train de regarder une maquette représentant un bateau militaire ayant navigué aux Indes, du côté de Macao. Voilà t-y pas qu’un Monsieur, s’approche de nous pour nous raconter qu’il a lui-même naviguer sur un bateau du même type à Macao, et nous apprend que celui-ci a coulé. Dans quelles circonstances, nous ne savons pas car le monsieur ne parle que portugais, parfois deux trois mots d’anglais. 81 ans le diable. Jamais nous ne lui aurions donné cet âge. La visite se termine avec lui, il nous a pris en amitié, il nous apprend beaucoup de chose, des détails, nous précise que ces bateaux à voile avec une cinquantaine de doris n’étaient pas destinés à la chasse à la baleine, comme nous l’avions supposé, mais à la pêche à la morue (bacalhau). A l’époque, c'est-à-dire à la fin du 19ème siècle, lorsque le banc de morue était repéré, les doris étaient mis à l’eau, et c’est à la ligne qu’elles étaient péchées. Cet autre bateau, là, était destiné au transport des marchandises, il est à fond plat afin de pouvoir échouer sur les bords sableux du Tage. Cet autre bateau noir là-bas servait à embarquer le personnel sur les cargos mouillés dans la baie à l’embouchure du Tage.
Nous croyons que la visite est terminée, et après le passage d’une petite porte nous entrons dans un hall immense où nous découvrons, avec les commentaires de notre octogénaire, des bateaux en vrai grandeur. Des galères, dont la galère royale « Bergantim Real », des bateaux de régate datant de la première moitié du 20 ème siècle.
Il est vraiment dommage que le vieil homme ne parlait pas français ou que nous ne comprenions pas le portugais. Il savait tout sur l’histoire de la marine portugaise. A la sortie du musée, nous le remercions, nous nous quittons, chacun va de son côté. Nous pensons qu’il a été content de parler un peu, essayer de nous faire partager une partie de son savoir. Pour notre part nous allons vers le château de Belem, pas de pot il est fermé, trop tard. Pas grave nous profitons de l’extérieur. En fait nous étions allés là pour acheter des cartes de bus car ON nous avait dit qu’on en trouverait là. Que nenni. Nous avons fait choux blanc sur le sujet, mais nous ne regrettons en rien notre visite.
lisbonne suite 1
le cloitre du monastere |
Nous prenons le chemin du retour, mais, bien que fatigués, nous marchons un peu, au hasard, dans le quartier de Belem. Nous montons une rue aboutissant à une chapelle plantée en haut de la colline. Chic ce quartier. Très grosses et riches maisons entourées de murs hauts, des grilles aux portails solides. Parfois même un garde devant, une caméra au coin. De jolies fleurs dépassant des murs que nous nous amusons à photographier. En passant devant une grille, nous lisons la plaque : ambassade d’Iran, puis ambassade d’Uruguay, puis ambassade de Pologne. Nous commençons à comprendre. Je suppose que nous avons dû être observés à prendre des photos des fleurs !!!!
Le lendemain, après consultation du Routard, nous savons où il faut aller pour les cartes de bus. C’est chose faite et nous pouvons circuler plus facilement. Même que nous avons rencontré un Monsieur, vendant des timbres poste et parlant français. Dans la conversation il nous dit avoir fait ses études à Angers et connaître Segré. Il faut le faire, non ? Nous visitons le centre, la cathédrale : la Sé (je crois que c’est là que Geneviève, quelques années auparavant, s’était fait piquer son appareil photo), le château Sao Jorge perché sur l’une des sept collines de la ville. Une simple forteresse avec des séries de murs crénelés dont on ne comprend pas très bien l’organisation. Puis en redescendant par les petites ruelles aux pavés anciens, on aperçoit une vieille dame, assise, seule, sur un banc sale, habillée d’une longue robe noire, bordée en bas de dentelles rouges et blanches, grande, mince, chapeautée d’un bonnet noir et fumant une longue cigarette fichée dans un porte-cigarette, regardant vers le bas de la pente. Je ne résiste pas au plaisir de la photographier, mais voilà t-y pas quelle se retourne et nous voit. Elle entre dans une colère noire, et malgré mes gestes d’apaisements en m’injuriant en anglais : « I don’t like to be on your fucky photography ». Enfin c’est tout ce que j’ai compris et elle se met à me taper. Les gens d’alentours font signe à Didith qu’elle est à moitié cinglée. L’incident est clos.
Nous prenons le chemin du Panthéon. Quelques photos bien sûr, et nous remarquons un groupe de quatre mecs qui chahutent entre eux, traversent pour venir sur le même trottoir que nous à l’arrêt du tram. Le tram dans l’autre sens arrive et c’est celui qui nous intéresse. Nous traversons en vitesse, et voyons arriver les quatre mecs en courant. Je demande au chauffeur du tram s’il va bien dans au Rossio, réponse négative, mais les mecs, en nous bousculant nous disent que si, si il y va. Nous écoutons plutôt le chauffeur et descendons du tram. Une fois sur le trottoir, je m’aperçois que je n’ai plus mon porte-monnaie que j’avais mis dans la ceinture du sac à dos. Aussitôt je remonte dans le tram qui n’avait pas encore eu le temps de fermer ses portes et je vois l’un des mecs avec mon porte-monnaie ouvert en main. Sans avoir à dire quoi que ce soit il me dit l’avoir trouvé parterre !!!! Eh ben voyons. Je lui pique des mains sans aucune protestation de sa part. Il n’a rien eu le temps de piquer. J’aurais été bien emmerdé : carte d’identité, carte bancaire … étaient dedans.
L’incident est clos. Dorénavant il faudra faire encore plus attention. Le lendemain nous décidons d’aller au musée océanographique. Absolument extraordinaire. On voit toutes sortes de poissons évoluer dans un aquarium géant, allant du requin aux petits poissons polynésiens multicolores. Cinq mètres de haut, diamètre de l’ordre de deux cents mètres. Des alcôves partout. Un énorme poisson lune (tiens, j’apprends qu’en anglais il se dit poisson soleil : sunfish). Incontournable cet aquarium. Nous y avons passé tout l’après-midi.
Porto Santo
moulins à roulettes |
PORTO SANTO
Oui Nous sommes partis. Nous sommes le jeudi 8 octobre à huit heures TU. La pleine mer étant juste une heure avant, le Tage plus la marée descendante nous pousse et, malgré un tout petit vent, nous filons bien huit nœuds. Nous sommes habitués à l’embouchure de la Gironde avec ses courants, ses hauts fonds et ses remous, eh bien l’embouchure du Tage n’est pas mal non plus. Très surpris de découvrir plein de remous, des petites vagues de 50 centimètres certes, mais très courtes, qui nous font rouler assez brutalement. Mais ce n’est qu’un mauvais moment à passer et rapidement nous avons une mer bien plus confortable avec un bon petit zéphyr de dix à quinze nœuds dans le derche, ce qui nous permet de filer cinq à sept nœuds. Nous avons mis moins de quatre jours pour faire presque cinq cents miles. Régime, pommes de terre le midi et pâtes le soir. Ben oui quoi, on n’a encore pêché aucun poisson. Pour les quarts, chacun une demie nuit. Nous arrivons du coup en pleine nuit, mais tout se passe bien.
Dans ce port nous rencontrons beaucoup de bateaux de passage, beaucoup de candidats à la traversée. Certains participent à celle organisée par l’ARC. Cela nous laisse présumer que Funchal et les ports sur Madère sont pleins à craquer.
Quelques courses, on prend nos repères, et enfin nous pouvons partir nous promener. Mais apparemment c’est le jour de l’ouverture de la chasse, et ça canarde dans tous les coins. Désagréable. Nous rencontrons une végétation brûlée par le soleil et le manque d’eau, pourtant nous apprenons que leur été à été pourri. Peut-être n’avons-nous pas les mêmes références. Enfin il est bien agréable de pouvoir se promener, en toute liberté, sans avoir à faire attention à qui nous croisons, à qui nous suit. C’est une île où on sent qu’il fait bon vivre. Nous avons escaladé une haute montagne, 143 mètres. Il faut le faire quand même ! Sur le coup d’une heure, le hasard nous fait passer devant un petit resto, perdu dans la nature, nous commandons « dos filettos d’espada » et pensons recevoir de l’espadon. Que nenni ! C’était bien du poisson, mais pas de l’espadon. En tout cas pas mauvais. En redescendant, nous contournons une zone de terre probablement argileuse, ravinée par les fortes pluies d’une autre saison, et nous voyons un assemblage disparate de couleurs, du rouge, du jaune, de l’ocre, du marron, du vert, les unes et les autres plus ou moins intenses.
De retour à bord, nous prenons un petit apéro avec Françoise et Jean-François qui voyagent en cata. Sympa, bonne journée, bonne soirée. Ah oui, puis j’ai oublié de dire que l’éolienne est montée, elle tourne, mais je ne sais pas si elle charge, car les batteries sont pleines et n’ont besoin de rien.
Graciosa
petite baie |
GRACIOSA
Nous sommes restés au total une semaine pleine à Porto Santo. Du coup nous décidons de partir directement sur les Canaries, sans passer ni par Madère, ni par les îles Desertas, ni par les îles Selvagem. C’est dommage, mais nous avons des dates à tenir et des choix à faire : fin novembre au Cap Vert. Alors on file droit sur Graciosa, 270 miles.
En fin de journée, le soleil rougit de honte avant d’aller au dodo, il va se cacher derrière la douce courbure de la terre en faisant passer le ciel par toutes les couleurs. Jaune feu, rouge flamboyant, puis rouge violacé, enfin rouge noir pour les derniers rayons avant de ne plus rien montrer d’autre que des myriades d’étoiles. Nous n’avons pas de lune, un simple petit morceau de croissant qui pointe à l’Ouest, donc qui ne restera pas longtemps. Alors on en profite pour admirer les étoiles et rêver. Rapidement nous identifions Vénus, puis l’étoile polaire. Nous nous amusons à chercher les quelques constellations que nous connaissons, La grande Ourse et Cassiopée au Nord, Orion à l’Est, la petite et la grande casserole, mais celles-là personne ne les connaît. C’est une pure imagination de ma part. Et puis la voie lactée qui s’effiloche indéfiniment. Nous la voyons si loin et pourtant le système solaire en fait partie ! Nous partons à rêver, rêver d’un monde qui serait bien meilleur, où il n’y aurait plus d’opprimer, où l’oppression aurait disparue, où chacun pourrait avoir le loisir de rêver.
Deux nuits se passent ainsi, deux nuits qui ressemblent aux jours, sauf qu’il y fait nuit. Edith lit Bernard Simiot et moi Henri de Monfreid puis Han Suin. Un midi nous mangeons du thon. Ne rêvez pas, nous n’avons toujours rien pêché. Il s’agit d’une boîte. En fin d’une matinée, on perçoit dans la légère brume de chaleur, une masse un peu plus sombre. Au fur et à mesure que nous avançons, nous distinguons de mieux en mieux une terre. Une montagne sur cette terre. En fait c’est le rocher d’Alegranza. La première « île » des Canaries. Mais d’où vient donc ce nom Canaries ? Du petit oiseau jaune ? Pas du tout. Au début de notre ère, le roi Juba 2 de Mauritanie lança une expédition vers ces îles, que les romains appelaient les « îles Fortunées » ou les « iles Heureuses », et y trouva beaucoup de chiens errants qu’il ramena sur le continent. En latin Canis veut dire chien. Le nom de Canaries a été donné par Pline l’ancien, encore lui. Plus tard on y découvrît une grande quantité d’oiseaux jaunes qu’on appela canari de par le nom de l’île. Juste une petite mise au point.
Puis les falaises abruptes de Lanzarote avec Graciosa juste devant. Je me souviens de cette petite île bien sympathique. Une plage de sable jaune clair, déserte, une jolie baie au pied d’un volcan, une sorte de désert sableux où arrivent à pousser quelques touffes d’épineux et d’euphorbes desséchées. Un petit coin de paradis. Quelle ne fût pas notre surprise en arrivant d’y voir une vingtaine de bateaux. Enfin nous arrivons à nous trouver une bonne place. Un petit coup d’œil aux pavillons des voisins, plein de Français. Pas étonnant que cette baie s’appelle « Playa Francesa ».
Maintenant il nous faut l’annexe. Quel boxon pour réussir à monter correctement ce « dinghy ». Enfin c’est chose faite. De suite nous faisons un tour à terre, à la pagaie, car Babarino refuse obstinément de démarrer. Un petit tour vers le seul village de l’île, vers le port. Nous y retrouvons le petit Marc qui nous dit avoir fait une colossale sottise. Il est à son bateau depuis quelques jours après avoir fermé sa crêperie au port de Mortagne. Il est seul, Françoise est restée en France pour régler les aspects administratifs liés à la fermeture du commerce. Et puis tout seul, sans doute la tête un peu dans le pâté, c’est andouille remplit d’eau la cuve à fuel !!!! Ses batteries sont nases. Il n’y a rien sur l’île, il faut prendre le ferry pour régler les pb majeurs à Lanzarote, mais pas simple tout ça. D’autant plus que nous ne pouvons pas l’aider, car nous devons partir.
Premier matin avec réveil au mouillage, nous regardons autour de nous et se détachant des autres bateaux, nous apercevons un ancien bateau de pêche rouge avec un pavillon rare : Groenlandais. Nom de nom, nous avons déjà vu ce bateau là quelque part. A Reykjavik en juillet 2008, nous étions juste à côté de lui. Si c’est lui il doit y avoir un gros chien sympa à bord. Au bout de cinq minutes d’observation nous apercevons effectivement un gros chien, croisement probable entre un berger-allemand et un Husky. Babarino ayant été réparé, nous allons lui faire un petit coucou, c’est bien lui.
Un petit tour à terre, pour une bonne promenade, j’ai voulu montrer à Didith les dunes de sable immaculé, mais nous nous trompons de chemin et prenons celui menant en haut du volcan, nous continuons quand même et allons jusqu’au bout. Tant pis pour les dunes. Mais quand même pas très brillant sur le coup. Il y a deux chemins sur l’île !!! Ca monte, nous luttons contre la chaleur torride qui nous fait bien transpirer. Nous sommes sur le bord du cratère dont un pan s’est complètement effondré. Une vue superbe sur l’ensemble de l’île, quelques photos et nous redescendons. Nous croisons un couple qui monte, petit bonjour, tiens encore de Français !! Le soir nous invitons Marc à diner à notre bord et même à dormir, car il n’a pas envie de rentrer voir Fanfan.
Lanzarote
les pieds de vigne |
LANZAROTE
Le lendemain nous repartons sur Lanzarote où nous mouillons à Arrecife, car nous voulons visiter l’île. Nous trouvons un loueur de voiture, vraiment bien. « Tu prends la voiture tout de suite, tu la gares dans deux jours dans la rue là, tu laisses les clés dans le tube que tu aperçois dans le soupirail car je ne serai pas là, c’est dimanche. S’il y a un pb tu le dis, je ne prends pas de caution ». Vous en avez vu beaucoup des loueurs de cet acabit ? Nous en profitons donc pour faire quelques courses au Spar du coin. Je laisse Edith dans le magasin à faire la queue pendant que je cherche la voiture pour la ramener devant la porte car nous n’avons pas de sac. Là, ça commence à se corser. Il m’a bien fallu une heure pour retrouver le magasin. Des sens interdits, des culs de sac, des voies piétonnes, jamais je n’arrivais à trouver la rue menant au magasin. Soudain quelqu’un frappe sur la vitre, c’est Edith, j’ai failli rater le magasin, elle est furieuse, car, à la caisse, ils ne veulent pas accepter MA carte si ce n’est pas MOI qui la présente avec MON passeport. Enfin la carte est acceptée, le magasin nous libère les courses et nous rentrons à bord. En mettant de l’ordre dans les papiers, Didith ne trouve plus son passeport. Bon, nous l’avons sûrement oublié dans la voiture ou chez le loueur. Eh bien non. Au Spar non plus. Nous filons au commissariat pour faire une déclaration de perte. Pas de consulat de France sur cette île. Nous devrons aller à Las Palmas ou à Tenerife. Il est inutile de partir de suite car c’est samedi. Nous passerons donc ces deux jours à faire du tourisme et partirons lundi. Les villages traversés respirent une certaine aisance, et nous nous demandons de quoi peuvent bien vivre les gens d’ici. Rien ne pousse, Que des éclats de lave. Ce n’est pas tout à fait vrai, ils ont réussi à implanter la vigne et font un vin renommé. Enfin réputé juste ici, car pour nous autres, il n’est pas fameux, mais surtout très cher. Compréhensible d’ailleurs, chaque pied de vigne est planté dans un trou conique creusé dans la poussière et la cendre. Ce petit cône étant souvent entouré d’un petit muret en pierres. L’explication en est simple : ceci est fait pour concentré la rosée et apporter un peu d’eau à la plante.
En bord de mer la lave a été polie par la houle, alors qu’à l’intérieur elle est tranchante, acérée, elle esquinte les chaussures, si jamais on tombe, on est couvert de coupures et de griffures. Ceci est vraiment curieux, un paysage lunaire, enfin tel qu’on s’imagine la lune sans y avoir jamais été.
Le hasard de notre inspiration nous amène en fin de journée à Teguise. C’est l’ancienne capitale historique de l’île, fondée en 1428 par un certain Jean de Béthencourt. Teguise étant le nom de sa princesse de femme native de là-bas. En entrant dans cette petite ville, notre regard est attiré par un ensemble impressionnant de statuettes, en matériaux divers, représentant des femmes, des hommes, des couples parfois, la plus part étant dans une matière argentée qui brille au soleil. Au milieu de ces statuettes des objets de toute sorte, allant du nounours défraichi à un vieux poste de radio à transistors. C’est probablement la maison d’un artiste. D’ailleurs on le voit assis à une petite table sur sa terrasse, nous lui faisons un petit signe voulant dire bonjour auquel il répond. Nous n’osons pas lui parler, peut-être aurait-il bien voulu car il nous a vus prendre plein de photos. Enfin une petite ville, selon nos critères, plutôt un village, propre, peu de monde dans les rues, les maisons sont blanches et les volets généralement verts. L’intérieur de l’église ne ressemble en rien avec ce que nous avions eu l’habitude de voir au Portugal. D’une grande simplicité, les murs sont entièrement blancs, quelques statues, une seule dorure riche. Ayant la voiture pour deux jours, nous prévoyons y retourner le lendemain matin.
Le soir nous trouvons un coin dans la ville d’Arrecife où nous pouvons avoir une connexion Wifi. Nous lisons nos courriels. Michel, qui était en charge de régler nos problèmes de visa, avec Anna-Maria, le consul de Cuba à Paris nous fait part de tous les soucis qu’il a eus. Vraiment à croire que les autorités cubaines font tout pour éviter les touristes. Enfin, sans doute grâce à son charme naturel, tout est rentré dans l’ordre. Mais alors nous vient une grande frayeur. Le visa obtenu de haute lutte, ne correspondra peut-être plus au passeport d’Edith qui devra être refait. Quel bordel. Nous passons là par plein de stades, rien à voir avec le foot, à savoir : on continue où on arrête ? Edith devra-t-elle rentrer en France pour revenir ? Nous devrons nous débrouiller à Las Palmas et y régler le pb. On ne peut pas partir sans visa et il n’est pas raisonnable de faire un aller-retour en France. La nuit nous calme un peu, dimanche est jour nouveau, et le matin nous repartons vers Teguise.
C’était le jour du marché. Visiblement très populaire, car plein de cars ont déversé leur viande, pas toujours très fraîche, certains étaient des touristes, mais beaucoup semblaient être des gens d’ailleurs sur l’île. Nous y avons vu beaucoup de bibelots de l’artisanat local, mais probablement fabriqués en série à Taïwan, car ils sont tous identiques. La foule commence à nous indisposer et nous repartons.
Nous tombons sur un jardin de cactus. Il a été fait à l’initiative de Cesar Mandrique, l’artiste peintre local mort en 1992. C’est de l’art abstrait, nous n’aimons pas. Mais le jardin de cactus vaut le coup. Il y en a de toute sorte, Des longs, des courts, avec ou sans épines, fleuris ou non.
La journée se termine, la visite de Lanzarote appartient dorénavant au passé. Nous avions prévu partir la nuit même, mais après avoir fait la route, je m’aperçois que nous avons 112 miles à faire et qu’alors nous arriverons de nuit, et nous n’aimons pas trop cela. Le départ est donc fixé au lendemain dans la matinée, sans stress, quand nous serons prêts. Il n’y aura pas de vent, nous le savons, mais nous ne pouvons pas attendre pour aller au consulat de France.
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bon pour l heure de depart de porto...moi je serai parti a 2h 45.......et les quarts de nuit y sont payes en heures sup!!!!!!
a+ michou a terre