Delphinéa dans le vent des CaraÎbes
gran canaria
une rue de Teror |
GRAN CANARIA
Nous sommes donc partis et chose extraordinaire, nous sommes arrivés sans l’ombre d’un souci à Las Palmas. Comme nous nous y attendions, gros problème de place à cause de l’ARC qui commence à « stocker » ses 250 bateaux, candidats à la traversée organisée et encadrée. Après quelques explications aux responsables du port nous obtenons une place pour trois jours. A peine amarrés, nous filons au consulat de France. Nous avons à faire à une dame entre deux âges, qui commence par nous dire que nous devrons aller à Madrid, au consulat général, car ici au consulat honoraire, elle ne peut rien pour nous. Mais à quoi donc peut bien servir un consulat !!
La nuit porte conseil. Nous réfléchissons à la situation, nous envisageons même d’annuler notre voyage et de le remettre à l’année prochaine. Puis, un éclair, la Guadeloupe c’est un département Français que je sache. Alors pourquoi ne pourrait-on pas faire faire le passeport là-bas. Nous l’avions évoqué avec la dame du consulat, mais elle n’a même pas été foutue de trouver les coordonnées de la préfecture. Nous retournons le lendemain matin voir et remuer un peu cette incompétente notoire, nous lui demandons d’appeler la préfecture de Châteauroux, il lui faut à peu près un quart d’heure pour trouver le numéro de téléphone. Là grosses explications, un peu vives parfois. Il faut revenir en France, faire une demande, enregistrer ses marques alors que tout cela a déjà été fait pour le premier passeport, c’est obligatoirement enregistré dans les puissantes machines qui ont été payées par nos impôts ! Ceci ne sera possible qu’en 2.010. Pas de pot nous sommes fin octobre 2.009. La dame de la préfecture nous confirme qu’en Guadeloupe la préfecture locale pourra nous refaire un passeport. Ouf ! Pendant un moment d’attente, je suis pris d’une grosse envie de pipi. J’entre dans les chiottes du consulat, et l’incompétente de service me crie après : « non monsieur, ce ne sont pas des toilettes pour le public vous ne pouvez pas y aller ». Maintenant il va falloir régler le problème des visas avec le consulat de Cuba.
Là toute autre ambiance. Mis à part le fait qu’ils ne bossent que de neuf à 13 heures, et pas le vendredi, nous arrivons à être reçus par le consul. Un petit homme charmant, à qui cela fait plaisir de pratiquer le peu de français qu’il connaisse. La dame de la réception a d’ailleurs été fort surprise que MONSIEUR LE CONSUL nous reçoive comme ça, et qu’en plus de cela il nous accompagne avec grande sympathie à la fin de notre entretien. Bien évidemment nous quittons le consulat de Cuba avec une solution. Le passeport sera fait en Guadeloupe, il faut maintenant trouver un consulat cubain entre la Guadeloupe et Cuba, République Dominicaine. Ce n’était pas prévu, mais nous y ferons escale. Gentiment le consul nous trouve l’adresse que nous mettons au chaud. Au revoir, embrassade …..
Tout cela bien, mais le Cap Vert maintenant. La dame à la réception nous dit que le consul sera là dans un quart d’heure. Au bout d’une demi-heure, c’est son fils qui nous reçoit, son papa étant malade. Sans doute a-t-il une petite gueule de bois due à son surmenage du week-end. C’est vrai que nous sommes lundi. Alors le fiston nous dit que nous pouvons aller dans son pays et que nous n’aurons probablement pas de problème à l’entrée. Trois fois je lui ai fait répéter probably en anglais. Mais personne ne veut écrire un document officiel nous permettant d’entrer. Même qu’ils ont appelé le consulat de Madrid qui dit clairement que sans passeport, le consulat ne peut rien faire. Donc nous refusons dans ces conditions de prendre le risque d’aller au Cap Vert. C’est dommage pour nous, pour eux, mais c’est comme ça. A un moment donné le fiston nous propose de revenir au Cap Vert après avoir fait notre passeport en Guadeloupe !!! Nous ferons donc route directement des Canaries à la Guadeloupe, pas de Cap Vert, pas de Dominique. La date du départ sera fixée par Jean-François et Michel.
Heureusement nous avons réussi à négocier avec les autorités du port une prolongation de notre séjour ici. Pendant tous ces démêlés avec les consulats, nous en avons profité pour louer une petite auto et visiter l’intérieur de l’île. Des routes bordées d’eucalyptus, inhabituel non, des collines couvertes de pins ressemblant aux pins de hollande. Des villages propres, clairs, aérés avec parfois une sorte de pin semblant être en plastique. Nous avons déjà vu ces arbres du côté du Nord de l’Ecosse. Curieux non ? Et puis nous tombons sur le village de Teror. Lieu de pèlerinage local parce qu’un évêque y vit une apparition de la vierge Marie sur la branche d’un pin. Alors là je suppose qu’aucune contestation n’est possible, car il s’agit d’un évêque, donc obligatoirement crédible !! Ben tiens donc, la vierge perchée sur une branche, il n’y a pas besoin de fumer pour voir cela. En tout cas petit village bien agréable, des maisons aux couleurs variées avec des balcons de bois vernis. Une boutique d’artisanat local qui semble véridique, nous y achetons un CD de musique traditionnelle que nous entendions en bruit de fond. Superbe, des chœurs, des voix qui se répondent. Juste dommage que nous ne comprenions pas les paroles.
Nous montons dans les montagnes du centre de l’île. Oui des montagnes, des vraies, nous avons été jusqu’à 1.949 mètres. Des vallées volcaniques étroites ou larges, érodées ou non, variées, rien de monotone. Nos appareils photo n’arrêtent pas de voler les images. Les résultats seront moins que moyen car si l’œil humain peu faire abstraction de la brume, l’objectif, lui, ne peut pas. Un midi, après avoir visité la reconstitution d’un village préhistorique, nous nous arrêtons dans un petit resto, j’ai oublié le nom du village, une salle sans prétention, mais avec beaucoup de monde, des locaux, alors que les autres restaurants sont vides et font de la retape sur le trottoir. Nous nous asseyons, choisissons le poisson du jour et demandons une demie bouteille ou carafe de vin blanc, il n’y a pas de demie, le serveur nous dit alors de compter le nombre de verres que nous boirons. Nous n’avons pas compté alors il a fait une « cotte mal taillée ». Le poisson du jour c’était deux limandes … chacun.
En fin d’après-midi nous cherchons une route sympa pour retourner sur Las Palmas, les routes ne correspondent pas à la carte, peut-être est-ce l’inverse, et nous faisons des tours et de détours, forts jolis par ailleurs, mais nous ne trouvons pas le chemin choisi pour le retour. En désespoir de cause, nous cherchons une autre route. Le soleil est déjà bien bas, seul le haut des sommets reçoit ses rayons rouges et nous nous engageons dans une descente vraiment étroite. La route descend le long d’une paroi très abrupte, presque une falaise, on ne peut se croiser qu’à certains endroits, il fait de plus en plus sombre. Impressionnant. Pourtant des routes de montagne, j’en ai fait beaucoup, la Bérarde par exemple, mais ici c’est bien différent. Tout est hostile, sombre, resserré. A un détour, on aperçoit la lune entre deux falaises. Elle tient juste dans l’entrebâillement. Cette descente n’en finit pas, nous nous demandons si cette route a une fin. C’est vraiment dommage de faire cela de nuit, maintenant. Si nous avons l’occasion, nous devrons la refaire de jour. Ce doit être exceptionnel. Et dire que l’ami Michel, un voisin de ponton avec qui nous avons sympathisé, nous disait que l’île n’a aucun intérêt touristique.
Tous les deux jours nous négocions avec le port la possibilité de rester un peu plus longtemps. Puis un matin, pendant notre petit déjeuner, « toc, toc » sur le bateau, un des employés du port nous signifie très gentiment que nous devons maintenant quitter les lieux, il n’y a plus de place, les bateaux le l’ARC arrivent à raison de plus de dix par jours, et ils commencent à ne plus savoir où les caser. Alors nous dégageons. Et allons dans un mouillage sur la côte Nord-Ouest de Gran Canaria, à Sardina. La mer était forte, le vent était soutenu. Delphinéa, parfois se faisait embarquer par une vague, mais Pilou, le maître barreur, corrigeait aussitôt. Les crêtes des vagues écumaient, nous filions sept nœuds. C’était plutôt plaisant, bien que nos trippes étaient mises à rude épreuve. A mesure que nous approchions de la côte, les vagues devenaient encore plus grosses à cause de la remontée brutale des fonds. Puis protégés par la pointe que nous venions de tourner, la mer s’est un peu aplatie. Nous avons pu mouiller dans une baie large, face au village de Sardina. Le vent du large n’était plus là, mais un ventury descendant des collines sensées nous protéger nous envoyait des rafales que nous n’avions pas prévues. Un mouillage de 70 mètres avec douze à quinze mètres de fond nous permet de ne pas déraper.
Une fois le bateau prêt pour tout supporter au mouillage, nous montons dans l’annexe, pour faire un petit tour dans le village. Au pied du restaurant qui se trouve là, nous voyons un petit carré pouvant servir d’abri, et utilisé pour remonter à terre les petits bateaux. Nous disons que ce doit être calme pour accoster. Pas du tout. En abordant au pied d’un escalier, nous avons failli nous retourner. Ayant renoncé à l’escalier, nous abordons par la descente servant aux manœuvres de mise à l’eau et de mise au sec des petites embarcations. Une vague un peu plus grosse que les autres nous projette dessus avant que nous ayons eu le temps de nous préparer, Didith saute immédiatement de l’annexe pour la tirer, pendant que j’arrête le moteur. Dith cherche à retenir l’annexe que la vague veut ramener à la mer, mais elle est lourde, enfin l’annexe bien sûr, et ça glisse. Deux fois qu’elle a failli ramasser une gamelle et repartir toute habillée à la mer. Enfin j’arrive à sortir à mon tour de ce frêle esquif et nous la remontons comme nous pouvons dans un endroit où la mer ne peut plus l’atteindre. Nous demandons à un Monsieur si l’annexe ne gène pas, nous ne comprenons pas trop sa réponse. Moi je comprends que nous aurons du mal à repartir, Edith comprend que nous risquons de nous la faire voler. Du coup, pas tranquilles, nous ne restons pas longtemps. Donc de retour à l’annexe nous nous rendons effectivement compte que ce ne sera pas facile de la mettre à l’eau, de monter dedans et de partir sans qu’une vague soit nous renverse, soit nous drosse sur des rochers. Nous cherchons un coin plus calme et décidons d’amener l’annexe au dessus de l’escalier. En voyant cela une bande de garçons qui était là nous donne un coup de main sérieux, ce qui nous permet de repartir sans être renversés. Heureusement qu’ils étaient là ces gars là car ils nous ont véritablement évité un chavirage programmé.
Le soir nous mangeons un tian de légumes et dodo. Dans la nuit de fortes rafales de vent, allant jusqu’à trente nœuds, nous empêchent de dormir, le mouillage tient bon. Nous aimerions bien partir le matin pour Santa-Cruz de Tenerife, c’est juste en face, 35 miles, mais la météo annonce une mer forte, alors nous restons à notre mouillage sans pouvoir quitter le bateau.
Mon dieu que c’est dur la vie de plaisancier !!!
tenerife
au nord-est de tenerife |
Tenerife
Plusieurs jours nous dûmes rester à ce mouillage. Nous avons bien fait une autre tentative pour accoster avec l’annexe, mais devant les mouvements de la mer sur le petit débarcadère, nous avons fait demi-tour. Les journées se sont passées en lisant, en faisant quelques sudoku, le reste je n’en parlerai pas.
Finalement, un jour, nous décidons de partir sur Santa Cruz, malgré une mer annoncée de deux mètres. Le vent n’était pas trop défavorable, et nous sommes arrivés au port, en face, après six heures de navigation au près serré avec une belle houle de face, mais bien agréables malgré tout.
Ballade dans les rues de Santa Cruz, ville agréable, aérée, un contraste marqué entre les quartiers riches et les quartiers pauvres. Tout le monde connaît le ficus, ce petit arbuste que beaucoup font pousser dans leur maison, dans un pot de fleur. Ici ce sont des arbres gigantesques, plus grands que nos chênes, qui poussent en pleine terre. Nous prenons les informations pour visiter le Teide, point culminant de toute l’Espagne. Eh oui, nous sommes en Espagne. Il est nécessaire d’avoir un permis de visite, ceci afin de réguler le trafic. Le rendez-vous est pris, nous cherchons à louer une voiture. Nous trouvons une Chevrolet pour deux jours. Ben oui quoi, c’est chouette une Chevrolet non ? Mais il s’agit du modèle Matiz, c’est aussi grand qu’une Fiat 600, et dedans c’est tout écrit en japonais, peut-être du Coréen d’ailleurs.
Le premier jour, nous patrouillons dans l’île. Une végétation abondante, verte, des cactus en forme de candélabre, des bruyères géantes, trois à quatre mètres de haut, des euphorbes sur tous les versants. Dès qu’on monte un peu, des pins de toutes sortes. Les routes sont étroites, pendues, difficiles, il faut être très attentif. Les villages sont à l’image de la capitale, rien d’extraordinaire, simple, agréable, un peu dans le genre du XVIII siècle, de beaux balcons en bois, des façades très colorées. Souvent en pleine montagne une maison toute seule d’un jaune ou d’un bleu criard.
Le lendemain nous grimpons el Teide. On part de zéro pour arriver à 3.718 mètres d’altitude. Mais non, nous n’avons pas fait cela à pied. Jusqu’à 2.500 en voiture, puis téléférique jusqu’à 3.500 et le 200 derniers mètres pedibus jambus. Au départ du téléférique, un panneau : « on prie les cardiaques de ne pas monter ». J’ai fait semblant de ne rien voir et nous sommes montés. Superbe. Nous étions au dessus de la couche nuageuse en train de se former. 200 mètres de dénivelé à 3700 mètres d’altitude ! On sent déjà le manque d’oxygène. On a un peu de mal à respirer pendant un effort. Nous sommes montés lentement, sans doute avons-nous mis une petite heure. La récompense était en haut. Nous avons réussi à être seuls pendant une petite demi-heure. Nous ne nous lassions pas de regarder les autres îles des Canaries pardessus les nuages blancs et cotonneux. Nous avons fait plein de photos, aucune n’est franchement réussie. Avant de prendre le téléférique pour redescendre à la voiture, un mec me demande, en Français, quelques informations sur la montée, comment et où on obtient l’autorisation. De retour sur la plateforme de la télécabine, je l’entends qui parle suédois avec sa femme et ses enfants. Histoire de plaisanter un peu, je lui dis les trois mots que je connais. Un peu surpris le mec. On discute, il vient de terminer sa thèse à Paris. Sujet « les techniques de la chimie ». A notre avis, une tronche le gugusse.
Le soir, de retour à bord, épuisés par cette longue marche, nous nous croulons. Dans la nuit nous entendons les casseroles habituelles du clocher moderne de la plaça España. Nous ne savons pas qui a fait ces cloches, mais elles sont d’une dissonance horrible. Leur musique est sans fondement, et chaque son est sans volume, sans résonnance.
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los lobos fuerteventura
mais oui ca mord |
Los Lobos
A notre grande surprise, la météo annonce un petit Sud-ouest. Cela nous permettrait d’aller du côté de Fuerteventura, alors pourquoi pas. Nous voilà partis. Le Sud-ouest se transforme en Nord-ouest puis en Nord puis en plus rien. Nous visions Los Lobos, une toute petite île au Nord de Fuerteventura. Un joli petit mouillage au bord d’un lagon bleu dans lequel nous ne pouvons pénétrer qu’à mi-marée, … avec l’annexe. Le lendemain, en fin de matinée la hauteur d’eau est suffisante pour nous permettre de passer, alors, chaussures de marche et en avant les petits. Nous découvrons cette île, cet ilot plutôt. A dix minutes de marche de notre plage d’atterrissage un village, un hameau plutôt, enfin on va être plus précis et dire quatre maisons. Parmi ces maisons, un petit restaurant, mais il faut réserver à l’avance. Nous y avons mangé, nous nous attendions à un prix relativement élevé, mais pas du tout. Nous avons choisi le plat de poissons frais. Copieux, trois poissons par tête. Le reste de l’île est désert. Un volcan un jour s’est mis à éjaculer ses pierres de lave et les a éparpillées ça et là en des tas d’une dizaine de mètres de haut. Des tas noirs, gris, aucune végétation ne pousse dessus. Les quelques parties horizontales sont recouvertes de sable jaune amené par les vents d’Est du Sahara voisin. Oui l’Afrique n’est qu’à cinquante miles. On y voit pousser des euphorbes et une plante qui m’est inconnue, ressemblant au thym. Le soir, de retour à bord, nous pêchons. Et hop, le premier poisson, un sar un peu plus gros que la main, enfin la mienne. Puis Didith prend la canne, et hop un poisson, merde le fil a cassé. Trois fois le fil a cassé. J’essaye à mon tour, et hop … le fil a cassé aussi. Trois kilos qu’il était écrit pour le fil !!! Maintenant quatre poissons se promènent impunément avec un hameçon dans la gueule, alors qu’ils auraient été si bien dans notre assiette avec un peu de vin blanc.
Fuerteventura
En deux jours nous avons fait le tour de l’île dans tous les sens, même que nous avons fait l’ascension du volcan, 130 mètres d’altitude. La météo nous étant favorable, nous décidons de partir pour le Sud de Fuerteventura afin de visiter cette île aussi. En relevant l’ancre, catastrophe, elle est coincée sous une anfractuosité de rocher par six mètres de fond. Je ne plonge pas, trop profond pour moi. Nous arrivons à dégager l’ancre, mais dans la manœuvre, nous la tordons. Rien à faire pour le moment, mais elle est tordue. Cap droit au Sud, nous longeons la côte Est de Fuerteventura, sympa, petit vent portant, soleil. Mouillage à Gran Tajaral. Le matin nous descendons à terre, objectif trouver une voiture à louer. Office du tourisme fermé. Ca commence bien. Renseignement pris de gauche et de droite, nous apprenons qu’il n’y a pas de loueur dans ce patelin, mais qu’on peut en trouver dans le village d’à côté. Casque cela ne tienne, un coup de bus et nous y voilà, mais sommes l’après-midi du samedi. Nous le trouvons, chouette. Mais nous apprenons qu’il est fermé jusqu’à lundi.
De retour à bord, en cherchant la carte bancaire de Didith, devinez ce que nous trouvons dans ma banane : son passeport perdu !!! Nous décidons alors de faire une croix sur Fuerteventura afin de faire les démarches nécessaires auprès du consulat de France, à Las Palmas, pour annuler la déclaration de perte. Notre crainte est que ce passeport soit verrouillé et définitivement bloqué. Nous partons le dimanche après-midi pour Las Palmas. Vingt nœuds de vent au largue pendant la majeure partie du parcours nous font arriver à cinq heures du matin.
Las Palmas
Heureusement que nous connaissons un peu l’entrée du port, car passer entre deux feux rouges, ce n’est quand même pas très courant. Enfin tout s’est bien passé. L’ARC étant parti la veille, plein de place, nous réservons jusqu’au 2 décembre, date à partir de laquelle nous serions susceptibles de partir. Puis nous allons voir notre grande copine du consulat de France. Elle nous dit une chose particulièrement agréable, aucun pb, nous enregistrons que vous avez retrouvé votre passeport et tout va bien. Nous sommes quand même un peu méfiant, cela nous parait un peu facile, ou bien voudrait dire qu’en fait elle n’aurait rien fait quand nous avons déclaré la perte. Cette information doit absolument être qualifiée.
sommes aient été si bien dans notre assiette avec un peu de vin blanc.enne. ns que vous avez retrouvé votre passeport et tout va
Nous retrouvons deux amis que nous avions laissés en partant il y a plus de deux semaines, Michel et Jean-Pierre. Retrouvailles, bonheur. Maintenant nous attendons Jean-François d’abord qui arrive le 28 et Michel le 1er décembre. Tous deux traverseront avec nous.
la grande traversée
rêve lointain |
Las Palmas
Heureusement que nous connaissons un peu l’entrée du port, car passer entre deux feux rouges, ce n’est quand même pas très courant. Enfin tout s’est bien passé. L’ARC étant parti la veille, plein de place, nous réservons jusqu’au 2 décembre, date à partir de laquelle nous serions susceptibles de partir. Puis nous allons voir notre grande copine du consulat de France. Elle nous dit une chose particulièrement agréable, aucun pb, nous enregistrons que vous avez retrouvé votre passeport et tout va bien. Nous sommes quand même un peu méfiant, cela nous parait un peu facile, ou bien voudrait dire qu’en fait elle n’aurait rien fait quand nous avons déclaré la perte. Cette information doit absolument être qualifiée.
sommes aient été si bien dans notre assiette avec un peu de vin blanc.enne. ns que vous avez retrouvé votre passeport et tout va
Nous retrouvons deux amis que nous avions laissés en partant il y a plus de deux semaines, Michel et Jean-Pierre. Retrouvailles, bonheur. Nous faisons aussi la connaissance d’un de leurs amis à eux, Georges. Un garçon volubile, une toute petite pointe d’accent des gens du Sud. En arrivant à Las Palmas par temps calme, de nuit, il descend faire le point à sa table à cartes, et soudain un grand fracas, un choc violent, il sort dans le cockpit et voit sa frêle esquif dans un cargo qui était là au mouillage. Mât cassé, haubans arrachés, enrouleur de génois en vrac, une grosse catastrophe. Pourtant quand nous le rencontrons il est gai souriant, il parle de son accident comme d’une anecdote. Un poète.
Maintenant nous attendons Jean-François d’abord qui arrive le 28 et Michel le 1er décembre. Nous faisons visiter Las Palmas, la vieille ville à Jean-François qui ne connaît absolument pas, puis le lendemain l’intérieur de l’île. Nous en profitons pour passer dans les gorges que nous avions ratées avant de se faire virer par l’ARC. Nous ne nous étions pas trompés, vraiment sauvage, impressionnant, aride, encaissé, dépaysant. Puis c’est au tour de Michel, il arrive le premier décembre, et le deux nous quittons le port. Les tripes sont un petit peu serrées, enfin les miennes. Nous quittons la terre ferme pour trois à quatre semaines, aucune assistance possible, tout doit fonctionner sans faille. La météo nous est favorable au moins pour cinq jours, après, c’est le sort qui décidera.
La grande traversée
A 15h47 le 2 décembre de l’an de grâce 2.009, Delphinéa quitte le port de Las Palmas pour traverser l’Atlantique. Un vent soutenu de Nord Nord-est nous permet d’avancer sous génois seul. Nous doublons les cargos au mouillage, une petite pensée pour l’ami Georges. Nous filons six nœuds puis sept, le vent forcit, nous ramenons un peu de toile. Pendant trois jours génois seul, bâbord amure, six nœuds. La mer est nettement formée, et le vent pousse ses moutons en un troupeau désordonné. Delphinéa roule franchement, ce n’est pas toujours très simple de tout faire tenir en place. Un soir, à moins que ce ne soit un midi, Didith nous prépare une omelette, les œufs sont bien battus et prêts à être mis dans la poêle. Pendant qu’elle allume le gaz, une vague plus grosse que les précédentes embarque Delphinéa dans un roulis insensé, la gamelle gicle par-dessus le rebord qui était sensé la retenir, et hop tout ça par terre. Plus d’omelette. Dans les fonds, nous avons maintenant quelque part un morceau d’omelette non cuite.
Michel, le spécialiste de la pêche, non non recommençons. Les deux petits nouveaux à bord ont chacun une spécialité. Jean-François sera le responsable de la route. Depuis un certain temps, il joue sur Internet à faire des croisières virtuelles en utilisant les conditions météo réelles. Alors voilà une bonne occasion d’appliquer les théories à la pratique. Michel, le régatier, sera le responsable du réglage des voiles. Mais Michel est aussi pêcheur. Oui de son moulin en Anjou, il pêche bien souvent sandre, carpe, brochet. Et c’est bien là que je voulais en venir. Quand il a vu comment j’avais accroché le rapala au bout de mon fil, il a dit que c’était normal d’en avoir perdu autant. Il s’attèle donc à la tâche. Un beau rapala suit dorénavant Delphinéa à cinq six nœuds. On le remonte quelques heures après son premier bain, le rapala, pas Michel, et oh surprise, plus de rapala. Un spécialiste quand même !! Qu’à cela ne tienne, Il fabrique un leurre de calamar avec un sac plastique, puis avec du gros fil de pêche blanc, il appelle cela un teaser, aucun résultat. Pendant la nuit quelques poissons volants atterrissent sur le pont, Michel fait un savant montage en s’en sert comme appât. Le premier soir en remontant la ligne, une dorade est venue s’y prendre. A dix mètres du bateau, paf elle se détache, le poisson volant est coupé en deux. Donc c’est que ça marche et qu’il y a du poisson. Il gréé un autre poisson volant, et là gros succès il remonte une belle dorade coryphène. Le soir nous nous régalons. Elle était un peu petite pour quatre, mais tant pis, c’est comme ça.
Nous étions partis un mercredi. Le dimanche est arrivé sans crier gare. Il serait peut-être sain de faire un brin de toilette. Alors chacun son tour, à l’aide d’un seau d’eau puisé dans la mer, nous nous lavons. La sensation de l’eau qui coule en abondance sur notre corps est bien agréable, elle fait 22 ou 23 degrés. Chacun se sent mieux et les autres le sentent moins. Nous avons bien six cents litres d’eau douce dans les cuves, mais elle est réservée en priorité à la cuisine et la boisson. Nous sommes quatre à bord, pendant un mois. Boire 2 litres d’eau par jour cela fait, voyons : 2litres*4personnes*30jours=240 litres. Alors attention, un verre d’eau c’est important.
Un jour Michel fait le tour du bateau et trouve une clavette au pied de l’étai de génois. Branlebas de combat, il faut réagir. Je ne pense pas que nous aurions risqué de voir l’étai s’affaler sur le pont avec ensuite le mât par-dessus le tout, mais il vaut mieux remettre tout en place. Donc détendre le pataras pour diminuer la pression sur l’étai, remettre la goupille, puis tout resserrer, cela en navigant bien sûr. Nous étions à ce moment à trois cents miles au Nord du Cap Vert.
Un matin nous apercevons un cargo. Michel l’appelle sur la VHF, réponse, dialogue, il nous transmet une météo, c’est ce que nous avions. Sympa le mec, il raconte d’où il vient et où il va. Nous n’avons pas compris la réponse, mais quelle importance, nous avons dialogué en pleine mer avec un inconnu, un marin. Tiens à propos de météo. Delphinéa est équipée d’un fax météo. Le seul émetteur que nous captons est Northwood en Ecosse à 2.000 miles. Madrid, Casablanca, Dakar silence total. Mais les anglais nous envoient une zone sur laquelle nous sommes à l’extrémité Sud. Nous essayons Fort de France, résultat : rien. Nous essayons New Orleans et là nous avons une émission, des cartes correspondant mieux à notre parcours, nous sommes à l’extrémité Est de leur zone. Nous n’avons aujourd’hui jeudi, tiens cela fait plus d’une semaine que nous sommes partis et nous avons parcourus plus de 900 miles, nous n’avons pas de vent, nous demandons à Babar de suppléer Eole, ça fait du bien aux batteries, nous avons un déficit de 120 Ah. En interprétant les cartes météo américaines, nous supposons que nous aurons un calme plat pendant deux ou trois jours. Aucun pb, mais attention car nous n’avons que 350 litres de carburant ce qui nous donne en théorie sept cents miles d’autonomie.
En fin d’après midi souvent nous faisons une partie de cartes, la belotte, tout le monde sait jouer. Les équipes ont été désignées par le hasard. Edith avec Michel, ils s’adorent, contre Jean-François et moi, nous nous connaissons depuis trente ans. Evidemment Edith et Michel perdent plus souvent !!!
Le 14 décembre est arrivé sans crier gare, sans se faire annoncer. Mais quelle est donc cette date importante ? Jean-François, vient de passer un cap important, un barreau de plus à son échelle des âges. Alors, pour l’occasion, oui on ne peut pas dire que c’est du neuf, champagne et foie gras. Nous sommes quand même en plein milieu de l’Atlantique ! Mon dieu que c’est dur la vie de plaisancier.
Un soir Edith nous prépare un gratin de pomme de terre. Là grosse discussion d’une importance capitale. Edith nous présente ce plat comme étant un gratin dauphinois. Mais non, c’est un gratin savoyard puisqu’il y a du fromage, gruyère râpé, dedans. Evidemment Michel prend le parti d’Edith, mais ils ont à faire à deux dauphinois, et ne peuvent obtenir raison. Nous, nous savons bien que tout ce qui est savoyard contient du fromage, alors un gratin de pomme de terre avec de la crème, ….. et du fromage c’est forcément un gratin savoyard, que diable.
Un après midi nous apercevons des dauphins qui font des bons prodigieux, loin du bateau, mais ils nous ignorent totalement, chacun vit sa vie. Pour nous légère déception quand même. Au cours d’une nuit sans lune, un banc de dauphins est venu nous saluer, ce sera le seul contact de toute la traversée.
Les jours se suivent et ont tendance à se ressembler. La journée, il fait très chaud, malgré une petite brise d’une dizaine de nœuds nous permettant de filer 2,5 à 3 nœuds. Le soir nous avons remplacé la belotte par le barbu, plus amusant, moins sérieux. Un problème sérieux toutefois c’est la quantité d’eau douce. Nous prenons l’habitude de faire la vaisselle à l’eau de mer, de nous laver à l’eau de mer. Pour certains bains à l’arrière du bateau où nous nous laissons traîner dans une eau à plus de 25°. Un jour au cours d’un de ces bains, nous remarquons des mollusques qui se sont fixés sur la coque. Bien ennuyeux cela. Nous devrons profiter d’un mouillage pour nettoyer cela.
Un matin nous apercevons le long de la coque, un poisson nageant dans le même sens que nous. Par moment, il se retourne, ventre en l’air, c’est une dorade coryphène. Bien évidemment Michel tente de la pêcher. Il nous reste une cuillère. Nous la lui montrons, elle l’aperçoit, elle se déplace pour l’observer, comprend vite qu’elle ne sauvera pas, prend son temps et finalement décide de ne pas s’y intéresser. Nous ajoutons un morceau de gras de jambon pour donner du goût, mais rien n’y fait. La nuit arrive, elle est toujours à côté du bateau et nous accompagne. Nous ne la voyons plus. Le lendemain matin, elle n’est plus là. Curieux, nous voulions la manger, nous n’avons pas pu, nous nous serions presque attaché.
Tu regardes le ciel, c’est bleu parsemé de quelques moutons blancs. Tu regardes la mer c’est bleu parsemé de quelques moutons blancs. La nuit tu regardes le ciel et la mer, tu vois la lune blanche sur un fond noir parsemé d’étoiles blanches ou jaunes. Monotone ? Non pas du tout. Les moutons sont bien différents, les bleus ne sont pas les mêmes et il y a toujours le bruit de l’eau sur la coque qui varie à chaque vague, à chaque roulis.
Le 24 décembre est là, nous sommes en pleine mer, isolés, loin de toute l’agitation citadine. Nous faisons notre petit réveillon. Au menu foie gras, champagne, cassoulet au magret de canard, vin de Saumur.
Le soir du 29 décembre, Michel voit les côtes. Tout le monde sur le pont, nous scrutons, il est seul à voir quelque chose, nous sommes à 50 miles et à contre jour, il n’est pas possible de voir quoi que ce soit avec cette brume qui doit envelopper les terres. Une heure après le soleil est un peu plus bas, moins éblouissant, effectivement Michel avait raison, la côte est bien là. On voit maintenant très nettement des montagnes se détacher. Reste à identifier ces terres. Finalement il s’agit de la Dominique. Le soleil se couche, la lune est levée depuis longtemps, elle est pleine, on y voit comme en plein jour. Nous passons entre la Dominique et Marie Galante, devant nous ce sont les Saintes. Nous avions imaginé y mouiller, mais nous continuons notre route pour arriver au port de Rivière Sens.
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Guadeloupe
sur le chemin de la soufrière |
Guadeloupe
Nous sommes attendus par Martine et un responsable du port, tout baigne dans l’huile. La place est un peu petite pour nous, mais nous faisons avec. Nous montons chez Martine, une maison à deux où trois cents mètres d’altitude, Jean-Luc peut se libérer et nous rejoint, c’est l’heure du repas. Evidemment on commence par ti-ponch. Mais quel accueil. Jamais nous n’avions imaginé cela. Après exactement quatre semaines moins une heure trois quart de mer, ça fait chaud au cœur d’être reçu comme nous l’avons été. Cela fait maintenant une bonne semaine que nous sommes chez nos amis, Jean-François est reparti dans ses Alpes, il y fait moins quinze et la neige abonde. Dure transition.
Hier, grosse opération avant le départ. Changer ou remplir les bouteilles. Ici on ne peut ni échanger ni remplir une bouteille qui vient de métropole. Après plusieurs échecs, nous trouvons une grosse usine de gaz devant laquelle une dizaine de camions chargés de bouteilles vides attendent avant de pouvoir entrer. Nous nous pointons au poste de garde et expliquons, à un irresponsable guadeloupéen qui était là, que sans ces bouteilles, nous ne pouvons pas continuer notre voyage. Non seulement ce mec nous fait remplir nos deux bouteilles, mais il fait aussi changer le bouchon de l’une d’elles qui est défectueux, et devinez le prix : un coca. Il nous a rendu un bien fier service, il est sûr qu’il a reçu un bon billet.
Et puis nous investissons. Du matériel de pêche. Canne, moulinet, bas de ligne acier, leurres, 600 mètres de fil, émerillons. Dorénavant, Michel n’aura plus le droit de dire, « y a pas le matos qui faut ». Nous sommes suréquipés et nous souhaitons être saturés de poissons et en avoir marre.
Pendant notre séjour ici, le rythme était ponch, et ou planteur, et ou ti-ponch à chaque repas. Souvent nous sommes tous invités chez des amis, ou bien des amis viennent rencontrer les marins farfelus ayant traversé l’Atlantique pour atterrir en Guadeloupe. Bien sûr, nous avons rencontré PJ, le poète de la Basse-Terre, qui vit au milieu de ces chèvres et qui, de plus, nous a appris à pêcher.
Jean-Luc et Martine nous font connaître quelques amis, le rythme est soutenu. Marius et Béatrice à Gosier qui nous ont préparé un déjeuner créole. Un autre midi nous allons à la pointe des châteaux, une tradition locale basée sur la pêche. Les pêcheurs ramènent leur poisson et Frantz, un antillais, prépare ses poissons dans une immense marmite, chacun vient avec sa chaise et sa table. Une ambiance bonne enfant, c’est antillais. Un autre jour, nous montons à la soufrière, nous n’allons pas jusqu’en haut, mais c’est superbe. Une végétation luxuriante qui explose de vie.
Maintenant nous préparons l’étape suivante : Antigua. Mais nous ferons un petit retour arrière vers Les Saintes avec nos amis cela leur fait plaisir de faire un petit tour.
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coucou , où etes vous maintenant ? bisous jojo
quelle drôle de vie que vous menez, enfin je ne vais pas vous plaindre, les paysages et la nature luxuriante décrite vous fait oublier les soucis d'intendance n'est-ce pas Edith? à très bientôt les Cocos , bises Nadie