Delphinéa dans le vent des CaraÎbes
guadeloupe (fin) - antigua - porto rico
j ai cru que c etait vendredi |
Nous profitons chaque jour du climat chaud du pays, chaud à tout point de vue, température au thermomètre, mais aussi chaleur humaine. Joscelyne et Philippe, que nous connaissions déjà, nous accueillent bras ouverts, nous reparlons de nos quelques souvenirs communs devant un ti-punch et un bon repas. Avant de repartir, nous récupérons tout leur matériel de pêche qu’ils n’utilisent plus. Maintenant nous préparons l’étape suivante : Antigua. Mais nous ferons un petit retour arrière vers Les Saintes avec nos amis, Martine et Jean-Luc, cela leur fait plaisir de faire un petit tour. Ce petit tour, nous avons bien fait de le faire. Dès que tout le monde était à bord, Babar en ordre de marche nous décolle du ponton et nous emmène hors du port. Nous entendons un bruit de cliquetis anormal. J’ouvre un panneau du moteur pour chercher à identifier ce bruit curieux et là je m’aperçois, presque par hasard, que la durite de retour de l’eau de refroidissement est percée. Alors retour immédiat au port. Réparation facile, mais nécessaire. On va dire une heure de perdue. Nous repartons, direction les Saintes, plus de fuite tout est bon, sauf que, entre temps, le vent s’est levé et est contraire. Alors ce sera Babar jusqu’au bout.
Mouillage à l’abri de l’ilet A’Cabrit. Bain pour tout le monde, eau à 27 ou 28 degré. Le soir Edith nous prépare une flammenkueche (lardons oignons crème fraiche fromage et une tomate). Pendant que nous apprenons le barbu à nos amis, la pâte repose sur la cuisinière montée sur cardans. Vers la fin de la partie, pendant le moment sacré du ti-punch, j’entreprends d’allumer le four. Pendant cette manœuvre, particulièrement technique, le plat dans lequel la tarte reposait, glisse brutalement en arrière, sans prévenir, et atterrit à l’envers derrière la cuisinière et se répand généreusement dans les tuyaux d’eau et de gaz. Quel gâchis !! Nous nous contenterons de pâtes à la carbonara. Michel évidemment fait la gueule et Didith aussi.
Après une bonne nuit, nous voulons décoller pour aller dans la baie du Marigot, à quelques miles de là, et oh surprise, le guindeau ne fonctionne plus. Nous relevons donc l’ancre à la main et nous allons quand même à l’autre mouillage prévu. Une baie sympa, bain évidemment, et nous découvrons des poissons inhabituels, des chirurgiens nombreux, en bandes, tout bleus, ronds et plats, des trompettes et des coquillages de toutes sortes que Jean-Luc ramène à bord.
En début d’après-midi, nous levons l’ancre, à la main toujours, car nous souhaitons être de retour avant la nuit, car l’entrée du port est très délicate. Jean-Luc prend la barre, vent arrière léger sous génois seul, petite mer, quatre à cinq nœuds, il prend son pied, c’est la première fois qu’il met le pied sur un voilier, il est sous voile. A l’arrivée sur la Guadeloupe, un effet ventury nous permet de filer jusqu’à sept à huit nœuds. Jean-Luc est aux anges, il ne sait plus où il habite, mais demain il devra s’occuper d’un dossier très délicat, c’est un autre monde, celui du travail, de son travail.
C’est lundi, Michel démonte le guindeau, complètement encrassé de sel et de calamine. Nous démontons et nettoyons tout ce que nous pouvons, mais rien n’y fait. Nous appelons un mécano-marine et rendez-vous est pris pour le lendemain matin à l’aube. Il le met en pièces, un mec vraiment très sérieux, et découvre un roulement complètement grippé. Le virus H1N1 est venu jusqu’à attaquer mon guindeau !! Il a fallu patienter jusqu’à mercredi matin pour l’avoir opérationnel. Le mécano doit passer au bateau en fin de matinée pour se faire payer. Le soir, il n’est toujours pas passé. Mais nous, nous voulons partir. Alors nous chargeons Martine de bien vouloir le payer et de nous la rembourserons.
Le soir de ce mercredi 14 janvier, un dernier ti-punch avec Martine et Jean-Luc, puis ce sont les embrassades, les émotions, rien n’est simulé, c’est fort, intense. Nous quittons le port au début de la nuit, cap sur Antigua, Green Island. Au petit matin nous apercevons Montserrat, le volcan est encore en activité. Une épaisse fumée blanchâtre s’échappe de son cratère et a tendance à stagner au dessus de l’île. Tout là haut dans les airs, nous apercevons un avion faisant une route plus Ouest que la notre, il va vers Saint-Martin. Penché vers son hublot nous croyons distinguer Jean-Luc observant sur la mer un petit voilier blanc, Delphinéa.
Antigua
Nous mouillons devant Green Island. Pas facile le passage. Une barrière probablement de corail à contourner avec des hauts fonds un peu partout, des zigzags dans une eau bleue mais sans balisage, donc grande attention pour se situer sur la carte. Enfin mouillage solide, mais malgré sept mètres d’eau au dessus de l’ancre, on ne peut pas la voir avec un masque car l’eau est trouble. C’est surprenant, sans doute le mouvement de la mer au passage de la barrière derrière laquelle nous sommes abrités.
Nous préparons l’annexe. Ah satanée annexe ! Toujours aussi difficile d’installer le plancher. Toujours aussi complexe de trouver la solution pour enquiller ces grosses barres rigides en alu épais qui maintiennent les planches solidaires. Enfin c’est fait, ouga, puis petite sieste. Le soir arrive, dodo. Le lendemain debout sans doute avant sept heures, nous sommes tous bien reposés. Nous partons sur la côte pour découvrir l’île. Le plancher de l’annexe semble tenir le coup. Débarquement sur une plage déserte. Je vois sur le sable des traces de pieds nus, une personne seule. Nous sommes vendredi 15 janvier. Si nous le trouvons, nous l’appellerons Vendredi, une bonne idée, non ? Mais que suis-je bête, ce sont les pas de Michel qui marche quelques mètres devant moi. Nous cherchons un chemin pour traverser l’île et découvrir la côte au vent. La végétation est dense, pas de chemin traversier, nous avons l’impression que c’est un lieu où la main de l’homme n’a jamais mis le pied. Nous longeons la côte pour contourner toute l’île. Nous trouvons des gros coquillages, des lambis, qui ont été ouverts pour récupérer la bête et la manger. L’eau est transparente, variant du bleu à l’émeraude en passant par le vert franc et le noir. Parfois un pélican plonge pour se gourmander d’un poisson aperçu du ciel. Ici les cactus voisinent les feuillus, des petits feuillus, presque des buissons. Je ne sais pas s’ils ont des feuilles persistantes, mais au mois de janvier, ils ont encore toutes leurs feuilles. Au sol de longues lianes, elles ressemblent aux pois de senteurs, peut-être s’en sont d’ailleurs.
Sous un arbre Edith découvre un casque colonial en plastique dur, « made in USA ». Amusant, il est un peu grand, mais nous le conservons en souvenir. La ballade terminée, nous retrouvons notre bord, ti-punch et crêpes que nous prépare amoureusement ma Didith préférée.
Le lendemain, c’est aujourd’hui, nous levons l’ancre pour gagner English Harbour, pour faire notre entrée en douane. C’est la première chose que nous aurions dû faire en arrivant à Antigua, mais dans ce cas nous n’aurions pas pu aller à Green Island car les vents auraient été défavorables. J’aurais du mal à expliquer cela aux douaniers, mais je ne suis pas obligé de tout dire non plus.
Nous n’avions pas fait de déclaration de sortie, clearance, en partant de Guadeloupe, alors le douanier ne peut pas faire d’entrée à Antigua. Nous avons beau lui expliquer que la Guadeloupe c’est la France, rien ni fait. Mes yeux à un moment se posent sur une affiche expliquant que le type de démarche que nous faisons est passible d’emprisonnement !! Alors je tends mes deux bras au douanier en lui montrant l’affiche pour qu’il me passe les menottes, il se mare un bon coup, ça détend l’atmosphère et il me fait les documents d’entrée sur son territoire. Nous y resterons 48 heures. Pas de pot il pleut abondamment et nous restons cloués à bord. Tant pis pour les visites. Pendant une petite éclaircie, nous allons juste faire un petit tour dans la ville de English Harbour et nous tombons sur le port où sont amarrés des yachts de grand luxe. Un autre monde. Des unités de trente mètres et plus, voiliers rutilants, bateaux moteurs à plusieurs étages, nous n’y voyons que l’équipage, des employés. Nous en faisons le tour, juste par curiosité. Cela pue le fric.
Le lundi matin, avant de partir nous allons faire le plein de fuel, 250 litres, et en manipulant les bidons dans le coffre arrière, je remarque que la pièce-guide en alu qui maintient la mèche du safran est dessoudée. Délicat de repartir pour 270 miles dans ces conditions. Un chantier local, dirigé par Richard, accepte de ressouder la pièce de suite. Après remise en place, départ pour Porto Rico.
Porto Rico
Pendant la traversée, ce que nous attendions depuis très longtemps, se produit, nous attrapons un poisson, un barracuda. Nous mettons un certain temps à l’identifier, ce fut en fait grâce à sa dentition. Impressionnante. Des crocs d’au moins un centimètre de long. C’est rare pour un poisson d’environ 70 dix centimètres. Mais c’est un barracuda, et le comble est que nous ne pouvons le consommer. Cette espèce mange les poissons coralliens, son corps n’est pas fait pour éliminer la ciguatera et la stocke. Plus l’individu est gros plus le stockage est important. Nous décidons donc de le rejeter à la mer. Peu de temps après nous entendons notre moulinet qui s’affole, frein sur le moulinet, mise du bateau en panne, et nous, enfin surtout Michel, tentons de le ramener. Seul le rapala est ramené, un gros hameçon manque, cassé. Echec une fois encore, mais ce devait être vraiment une grosse bête ce coup là. Plus rien ne se produira sur la ligne jusqu’à l’arrivée à Porto Rico que nous abordons à San Juan, la capitale.
Premier contact avec la douane, c’est la procédure normale. Le visa que nous avions fait faire sur un site Internet, n’est absolument pas valable car destiné aux voyages par des moyens non privés. Nous sommes emmenés par les douaniers en voiture à leur poste de contrôle où nous rencontrons le chef douanier qui nous informe que nous avons transgressés les règles d’entrée aux Etats-Unis. Si nous voulons rester nous devons nous acquitter d’une amende de 500 $us par tête de pipe, soit 1500 $ !!! Pour nous il n’en est pas question. Enfin après bien des palabres, nous sommes acceptés sur le sol américain sans avoir à payer l’amende et les douaniers nous font un document d’entrée exceptionnel. Mais enregistrement complet de nos personnalités, photo, empreintes de chaque doigt, de l’ensemble de tous les doigts. Désormais nous sommes fichés. Nous n’avons rien à nous reprocher, donc pas de pb de se côté.
Israël, notre interlocuteur au port, nous a installés juste à côté d’un autre bateau français, Taravana, un solide bateau, plan Karoff en acier. Le soir ti-punch à notre bord avec René et Josy, le courant passe vraiment bien. Soirée agréable, échanges, couchés à deux heures du matin quand même. Nous apprenons qu’ils préparent un tour du monde, un vrai, pratiquement par les deux pôles. Leur prévision est d’aller hiverner au Québec pour l’hiver prochain, et au Groenland pour l’hiver suivant. Ils ont gréé un site pour que les amis puissent suivre leur voyage : www.taravana-tdm.com. Ah oui, j’ai oublié de dire, qu’ils ne connaissent plus la France. Ils ont tout vendu et acheté un bateau, c’est leur maison mobile, des passionnés. Plus rien que la découverte des peuples du monde les intéressent.
Parlons un peu du port où nous sommes. Club nautique privé, à l’américaine. Plein de caisse à boulons équipés pour la pêche au gros. C’est à celui qui aura la tourelle la plus haute. Les propriétaires sont sans cesse en train de laver, pardon de faire laver, leur bateau. Pendant une quelconque pose, l’eau coule à plein pour rien, quel gaspillage. C’est choquant, c’est américain. Des voiliers il y en a quatre. Delphinéa, Taravana et deux autres locaux. Mais il faut pouvoir se connecter à borne électrique du ponton. Là commencent quelques pb. C’est du 110 volts. Nous le savions, mais nous avions, bêtement, imaginé que nous trouverions facilement un transformateur 110-220 volts. Nous allons chez un grand shipchandler, West Marine, c’est loin, c’est américain, taxi. Après un quart d’heure d’explications nous arrivons à nous faire comprendre mais West Marine n’a pas ce type de produit et téléphone à un magasin de produits électriques qui n’a pas le produit en stock immédiat. Prix 239$ pour 2.000W, alors que sur Internet on a 3.000W pour 119$ !! Nous sommes samedi, et le pb n’est toujours pas résolu. Heureusement que nous sommes à côté de Taravana qui nous fournit du 220 volts depuis son circuit interne.
porto rico-republique dominicaine
Un après-midi, nous visitons la partie historique de San Juan. Ambiance espagnole, rues étroites, colorées. Nous tombons sur un magasin qui vend, entre autre, des masques d’horreur, curieux, à faire peur. Mais dans cette vieille ville rien d’extraordinaire. Nous sommes restés une semaine à San Juan, et n’avons pratiquement rien fait, car beaucoup de temps perdu à chercher un transfo et un ampli d’antenne wifi. Nous avons trouvé, mais aucun ne fonctionnait. L’Amérique a ceci bien, après achat, si le service n’est pas rendu, il n’y a aucun pb pour le remboursement, directement sur le compte, car les paiements ont été faits par carte. Le reste de la ville, sans aucun intérêt, c’est vaste, les quartiers sont espacés et reliés les uns aux autres par de grands axes de circulation à six voies dans chaque sens, la plupart du temps en hauteur , au niveau des derniers étages des immeubles. Impensable de s’y promener à pieds. C’est américain, tout simplement. Pour nous déplacer en ville, guère de solution autre que le taxi, même simplement pour aller faire les courses. La première boutique est à plus de cinq km ! Toutefois, dans chaque magasin ou boutique que nous avons faits, il a toujours été possible de téléphoner pour appeler un de nos taxis préférés, Rufy ou Mario.
Chaque matin, dès les premières lueurs de l’aube, des petits avions à hélices, nous survolent, nous sommes en bout d’une piste qui se trouve à quelques centaines de mètres, désagréable, bruyant. Dans la journée, une chaleur étouffante, écrasante nous dissuade de toute activité. Nous décidons de partir, cap sur la République Dominicaine dans la baie de Samana. Nous cherchons le consulat du pays, nous avons à faire à la vice-consul, tout est lent, visiblement peu organisé, et nous rencontrons une dame en robe noire avec qui nous parlons tarif. Nous nous attendions à 40 dollars pour le bateau et 10 pour chaque personne. Nous apprenons que c’est 150 dollars pour le bateau et avions cru comprendre que ceci comprenait aussi le prix pour les personnes. Après avoir payé les 150 dollars, un petit jeune nous réclame 11 dollars supplémentaires pour chaque personne. Là je suis obligé de me fâcher et de dire à la dame en noir, que le petit jeune a fait chercher, que dans ces conditions nous n’irons pas dans son pays et qu’elle devait me rembourser les 150 dollars. Alors curieusement les 11 dollars par tête se sont évanouis et nous n’en reparlerons plus. Du racket, ce n’est pas autre chose.
Le bilan de Porto Rico est plutôt négatif, nous n’avons rien fait, trop chaud, du bruit, peu de déplacements à pieds.
Enfin nous sommes jeudi 28 janvier et nous partons pour la baie de Samana dans l’espoir d’y voir les baleines venant s’y reproduire, c’est la saison. Nous naviguerons de conserve avec Taravana qui du coup part aussi. Sympa, encore une rencontre en mer qui aura des suites, car nous n’en resterons pas là. C’est la seule chose positive dans cette escale. Nos routes se sépareront à Samana, mais nous resterons en contact.
République Dominicaine
Il est quinze heures, nous larguons les amarres, Taravana en tête. Au bout de la baie par laquelle nous devons sortir, un immense navire de croisière, type Costa, commence lui aussi sa manœuvre de sortie. Lui est accompagné par un bateau des coast guard, afin que personne ne gène sa manœuvre. Il est vrai que ces gigantesques bêtes sont bien moins manœuvrantes que nous autres. A bord, trois ou quatre mille touristes. Nous devons attendre. Pendant cette opération, nous remarquons un très gros yacht avec un hélicoptère sur le pont supérieur. Encore une fois, un autre monde. Oui j’oubliais, c’est le nouveau monde.
Une fois l’usine à touristes sortie, nous prenons le chenal à notre tour et cap sur Samana. Après deux heures de navigation, nous remarquons que Taravana est sans génois. Dans un premier temps nous supposons qu’il veut le remplacer par un spi. Contact radio, René ne répond pas. Nous supposons un problème à bord. Nous réduisons l’allure pour ne pas le semer, et enfin nous voyons réapparaître sa voile d’avant. Contact radio, René nous apprend qu’il vient de pêcher un thon jaune de 25 kg et qu’il a dû mettre en panne pour pouvoir le remonter. Bien évidemment il nous nargue.
A la nuit tombante, Taravana change de route pour avoir un meilleur confort de navigation. Nous pas, Delphinéa supporte sans problème la mer et le vent par la route prévue. Le matin nous entendons cette agréable musique du moulinet qui se met à se dévider car quelque chose de lourd est au bout. Branlebas de combat à bord. Edith et Michel s’occupent de rentrer le génois, car je n’arrive pas à mouliner pour ramener notre prise. Une belle daurade. Je n’en ai jamais vu d’aussi grosse au bout de ma ligne. Nous la ramenons jusqu’au bord de la plage arrière et en voulant la monter à bord, hop elle se décroche. Nous devons être maudits pour la pêche. Tout le monde connaît sans doute le dicton « si tu rencontres quelqu’un qui a faim tu peux lui donner un poisson, tu le nourriras pour un jour, mais si tu lui apprends à pêcher, tu le nourriras pour la vie ». Qui pourrait bien nous apprendre ? Evidemment contact radio avec Taravana et René de se gausser et nous proposer une part de son thon, je trouve que c’est de mauvais ton ! A midi, nous mangerons du thon, ……. En boîte.
A peine ai-je fini d’écrire ces lignes que « zzziiiiiiiiiiiii » le moulinet se dévide. Encore une daurade coryphène, mais cette fois, nous la remontons à bord. Michel est encore en train de découper les filets. Dans un instant nous mettrons une bouteille d’aligoté au frais, c’était promis, prévu, planifié. En conclusion, ce soir régalade.
Taravana et Delphinéa arrivent ensemble dans la baie de Samana. Sur notre bâbord, nous voyons déjà s’ébattre quelques baleines. Quel type de baleine, nous ne pouvons le distinguer le voir avec précision, la seule chose que nous voyons ce sont de grandes gerbes d’eau. Nous nous promettons d’y aller voir de plus près dès que nous pourrons. Pour l’instant, nous devons aller nous dédouaner auprès des autorités locales. Ce ne devrait être qu’une simple formalité, car nous avons tous fait le nécessaire avant de partir, au consulat de la Dominican Republic à San Juan.
Donc mouillage, pavillon jaune pour avertir la douane que nous venons d’entrer dans leurs eaux. Effectivement après un quart d’heure, ils sont à bord, en force, cinq personnes. Un interprète, un représentant du port, un douanier, et deux autres que nous n’avons pas identifié. Papiers, tout est en règle. Nous devons nous rendre au bureau de l’immigration à terre, puis au bureau du port. Nous rencontrons une fille, loin d’être vilaine, qui parle haut et pointu, vite, rien qu’en espagnol, l’interprète traduit en anglais. Nos affaires ne sont pas claires, vu par la fenêtre de la greluche. Nous avions payé 150 $US pour le droit d’entrée du bateau au consulat, document et facture à l’appui. Nous apprenons qu’il n’appartient pas au consulat de faire ce type de démarche d’une part et d’autre part que le prix est de 43 $US !! Après bien quatre heures de palabres, et malgré l’aide d’une personne, rencontrée par hasard, responsable local de la promotion du tourisme en République Dominicaine, nous stoppons la discussion et déclarons que nous ne ferons pas escale dans ce pays qui n’accueille pas convenablement les touristes étrangers. Blanc, choc, mais rien n’y fait, la fille ne veut pas tamponner nos passeports pour valider notre entrée. Nous sommes repartis de son bureau, et le lendemain, c’est aujourd’hui, dimanche, nous faisons route sur Santiago de Cuba, Taravana, vers Sao Domingo, la capitale du pays, car eux doivent recevoir leurs enfants qui arrivent dans quelques jours.
Hier soir, diner tous ensemble à bord de Taravana, Josy nous a préparé un morceau du fameux thon jaune qu’ils avaient pêché. Embrassades, promesses de continuer à correspondre, chaleur, émotions. Nous n’avons pas eu l’occasion de beaucoup nous connaître, mais c’est curieux, le courant s’est établi bien vite. C’est la mer, c’est le voyage, émaillé d’incidents regrettables et de rencontres fortes.
Le bilan de ce pays est tout ce qu’il y a de plus négatif. Jamais nous n’y retournerons, René non plus, et l’un comme l’autre nous répandrons cette info au maximum, il faut absolument dissuader tous ceux que nous pouvons, d’éviter ce pays de m…. Nous pouvons argumenter bien plus, auprès de quiconque a pour projet d’y aller.
Nous sommes malgré tout un peu inquiets. Depuis que nous avons quitté la Guadeloupe, dans chaque pays nouveau, un pb nouveau et de plus en plus ardu :
Antigua pas de clearance en sortant de Guadeloupe, Porto Ri Rico visas non valables et nous avons failli ne pas pouvoir entrer et être interdits du territoire américain pendant dix ans, République Dominicaine papiers officiels du consulat non valables et obligation de quitter le pays. Qu’est-ce qui nous attend à Cuba ???
santiago 1
Santiago 1
Demain matin c’est aujourd’hui. Contact par VHF pour annoncer notre arrivée, et, oh surprise, la personne me répond en français. Nous sommes désormais attendus. Nous entrons dans une baie superbe, des maisons typiques sur pilotis. Cela ne respire bien évidemment pas le luxe, mais sympa, dépaysant. Une fois amarrés, nous avons reçu plusieurs visites d’officiels.
Tout d’abord les représentants de la médecine, deux charmantes dames, qui nous posent des questions ayant trait à nos santés, convivialité de rigueur. Bisous pour leur départ. Vu par leur fenêtre tout est en règle. Dès qu’elles ont quitté le bord visite des représentants du ministère de l’agriculture, deux filles et un garçon qui ne peut pas ne pas sourire, pour vérifier les produits alimentaires du bord, ils ont vérifié le contenu du frigo et les dates de péremption des saucisses et saucissons que nous avions. Question sur les animaux du bord. Je leur montre ma Didith, et ils me demandent quel est ce type d’animal étrange. Comme son teeshirt est un Lacoste, je leur montre le crocodile, ils se marrent. A peine sortis du bateau, les suivants arrivent il s’agit de l’immigration. Mauvais souvenirs de la République Dominicaine. Ici d’abord les personnes sont aimables, sourire aux lèvres, inspection des papiers, passeport, visas, tout est en règle. Congratulations, nous recevons le document nous permettant de circuler dans Cuba. Puis visite de la douane, avec un vieux chien cherchant la drogue. Impressionnant, son museau passe partout, son maitre pose au sol des sacs qu’il a trouvé dans les cabines, le chien flaire, et bien sûr jamais aucune réaction. Puis visite d’une autre série de trois douaniers. Je ne sais pas ce qu’ils cherchent, mais tout le bateau est fouillé, tous les coffres sont ouverts et vidés. Les fonds sont passés au peigne fin afin de déceler un éventuel double fond. Là c’est beaucoup plus sérieux. Enfin comme nous n’avons rien à nous reprocher, nous sommes cool. Un des jeunes douaniers nous pose, mine de rien ou de crayon, des questions sur notre route et s’intéresse à l’enregistrement de notre route sur le calculo. Comme Windows a décroché pendant une soixantaine de miles un peu au Nord du Cap Vert, questions comment cela est-il possible, êtes-vous sûr que cela fonctionne maintenant ? Sans doute pas tout à fait neutre cette curiosité. Le douanier s’occupant de Michel tombe sur un petit sachet de produit déshumidificateur dans son étui photo. Qu’est-ce que c’est que ça ? Explication difficile, mais convaincante. Maintenant c’est à nous de nous déplacer vers leur bureau pour l’enregistrement auprès du port. Le bureau ? C’est une table à l’ombre, dans un courant d’air bien agréable avec quelques chaises autour. Les formalités sont terminées, nous sommes les bien venus à Cuba.
Nos bouquins de marin nous mettaient en garde contre la lenteur et l’inefficacité des officiels et bien pas du tout, l’ensemble a été réglé en deux heures et toujours dans la bonne humeur et la cordialité (il était écrit trois jours). Nous avions lu que le port était délabré avec des barres de fer dépassant de partout et pouvant abimer sérieusement le bateau. Il est bien sûr très différent d’un grand port de plaisance en Europe, mais il y a tout ce qu’il faut et rien n’est délabré. L’Imray de Nigel Calder, un américain, est bien désobligeant et montre bien l’apriori qu’ont les Américains envers Cuba.
Pendant que je règle encore quelques petits problèmes administratifs avec le port Edith ou Michel, peut-être les deux, va faire un tour à l’extérieur de la marina. Une dame lui propose de laver notre linge, immédiatement accepté. Puis Edith et moi allons faire un tour le long de la baie Ensenada Gaspar. Pas encore sortis du village, qu’un cycliste s’arrête, se présente, Pedro, et nous signale qu’il est dangereux de se promener la nuit. Il est cinq heures, la nuit tombe à six, nous avons une heure devant nous. Pedro nous propose de nous approvisionner en fruits et légumes, car, sur place, il n’y a rien. Nous sommes d’accord sur le principe, et nous convenons d’aller le voir dans sa maison au retour de notre promenade. Nous faisons le tour de la baie, un enfant dévalant une pente assis sur une planche à roulette est tout heureux de se faire photographier. Dans la baie circule un bateau bus assurant la navette entre les îles de la baie et les différents points de la côte. On dirait une barque de débarquement de troupes réaménagée. Fond plat, avant carré, un étage, une toile qui couvre le tout. Quel âge a cette machine ? Je ne sais pas. Probablement du matériel russe. Arrivés de l’autre côté de la baie, un mec en moto nous aborde. On cause un peu, mais oui nous sommes Français, nous venons d’arriver à Cuba en bateau pour la première fois de notre vie. Il se présente, Zuigi, et nous propose de faire le taxi si nous avons besoin. Rendez-vous est pris pour le lendemain matin. Pendant ce temps un berger essaie de rassembler ses chèvres pour qu’elles n’aillent pas folâtrer sur la route. Nous terminons notre promenade, retournons au bateau avant la nuit, puis allons voir le père Pedro pour régler le pb des courses. La maison qu’il nous avait décrite, on ne peut pas la manquer, vert pomme à moins de cent mètres de la Marina. Surprise c’est avec son épouse, Rosa, qu’on avait déjà négocié le lavage du linge. Nous lui faisons une petite liste, puis il nous propose de rester dîner. Comme nous venons de faire quatre jours de mer, nous préférons reporter au lendemain, car nous sommes quelque peu fatigués.
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santiago 2
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Le lendemain, après une nuit réparatrice, Zuigi est à l’heure convenue à la Marina pour nous emmener à Santiago qui se trouve à quinze km de là. Ce n’est évidemment pas un vrai taxi, c’est sa voiture perso. Une vieille voiture russe, rouge terni, quelques bosses, qui doit bien avoir dans les 500.000 km au compteur. Au compteur ai-je dit ? Il y a belle lurette qu’il n’y en a plus. L’échappement et la suspension aussi d’ailleurs. Mais ça roule. La pointe de vitesse doit bien être de soixante …. dans une descente, quant aux montées, nous nous demandons si nous ne devrions pas descendre pour pousser. Mais tout ça est dans la bonne humeur.
Première chose à faire trouver des sous cubains dans un bureau de change. Puis Zuigi accepte de nous faire visiter le centre ville à pied. Les rues sont étroites et pratiquement toutes à sens unique. La circulation n’est pas intense, mais les coups de klaxon nombreux. Beaucoup de personnes dehors dans la rue. Ici on ne vit pas à l’intérieur, mais dans la rue. Tous du même côté, celui où est l’ombre. Visite de la cathédrale. Grande mais sobre. Peu de dorures, rien à voir avec les églises surchargées de richesses du Portugal.
En sortant de la cathédrale, sur une petite place verdoyante, un groupe de trois musiciens jouent une musique locale. Ils ne font pas la manche, juste le plaisir de jouer. Comme je prends une photo l’un d’eux me tend quand même son chapeau. Je lui glisse une pièce. Au pied de la cathédrale une file de taxis officiels. Des belles américaines des années cinquante. Elles sont classées patrimoine national. On y voit des Buick, Ford, Chevrolet, longues, belles, racées, gros pare-choc, parfois un peu cabossées.
Nous allons boire un coup dans le troquet du coin. Soudain un garçon d’une trentaine d’années nous aborde en Français impeccable. Il n’a jamais été en France, mais connaît du monde à Toulouse. Lionel, c’est son nom. Et il nous fait visiter Santiago, là où les touristes ne vont pas. Nous empruntons des rues typiques. Les maisons sont les témoins d’un passé plus glorieux, car elles ont dû être belles, mais sans doute faute de moyens elles se délabrent maintenant. Dans la rue, un mec pousse une brouette remplie de tomates et autres fruits ou légumes. Au passage, une vieille dame lui en achète un peu. Plus loin, une charrette tirée par une mule. Nous passons devant la boutique d’un barbier en pleine action qui plaisante avec nous car nous prenons quelques photos de son art alors que son client, assis sur le fauteuil, est tout savonné.
Nous arrivons à la « cassa traditional ». Nous entrons boire un coup, discussion sur la tradition. Mais la tradition, à Cuba c’est quoi ? Ben le cigare pardi. Lionel nous apprend à distinguer le vrai cigare du faux. Finalement nous achetons une boîte de Cohiba, du haut de gamme. La matinée est très largement entamée, pour ne pas dire dépassée. Lionel nous emmène dans un « restaurant chez l’habitant » et nous quitte car il préfère aller manger chez lui. En partant, il nous dit qu’il est guide professionnel, c’est sans doute vrai et nous demande quelque chose à notre convenance. Nous lui donnons de bonne grâce, bien que nous ne lui ayons rien demandé. Enfin nous mangeons chacun une demie langouste grillée, l’équivalent de 43 euros à quatre !!
santiago 3
santiago 3
L’après midi, Zuigi nous emmène, sur les conseils de Lionel, en périphérie de Santiago pour visiter le cimetière, où il y a, chaque heure, la relève de la garde du mausolée des victimes de la révolution. Nous sommes sur une des très rares larges avenues. Devant nous un vélo, complètement à gauche, sans doute entendant arriver la voiture, traverse brutalement vers la droite où il aurait dû être. Zuigi contrôle parfaitement son bolide à trente km/h, puis double normalement le vélo qui, lorsque la voiture est à sa hauteur, a l’idée de revenir sur la partie gauche de la chaussée qu’il juge avoir quitté prématurément. Il est bien évident qu’alors, il accroche la voiture que Zuigi arrête de suite. Il s’agit d’un vieux pépé. Il s’apprête à tomber sur son côté droit, la fenêtre est ouverte, je lui attrape fermement l’avant bras, il reste sur sa selle, le vélo est à l’arrêt, la voiture aussi. Zuigi lui demande si tout va bien, la réponse est un grognement incompréhensible. Sans doute le pépé était complètement mûr. On ne doit pas oublier que Cuba est un grand producteur de rhum. Chacun continue son chemin comme si rien ne s’était passé. La voiture a une petite rayure de plus et un léger enfoncement de la tôle en haut de la portière arrière droite. Rien d’extraordinaire ne se remarque.
Nous arrivons au cimetière, en attendant l’heure de la relève de la garde, nous faisons un tour entre les tombes. Devant l’une d’elle Zuigi s’arrête et se recueille, c’est celle de sa maman qui est partie juste avant le dernier Noël. On lit l’émotion sur le visage de Zuigi, ses yeux sont très humides, ce sont ses tripes, son cœur qui parlent.
C’est maintenant l’heure de la cérémonie de changement de garde. Trois soldats avancent au pas cadencé, leurs chaussures, ferrées aux extrémités, martèlent fermement le sol de grès, les jambes et les bras sont raides, le pied monte jusqu’à l’horizontal, c’est une autre époque, une réminiscence d’un passé récent.
Nous en avons assez vu, Zuigi nous ramène à la Marina. Il ne veut pas se faire payer, nous n’acceptons pas cela, et nous lui donnons même plus que ce qui était prévu, car il a quand même passé toute la journée avec nous. Les liens commencent à se tisser. Pas de calcul, c’est la chaleur, c’est l’humain, ce sont les individus. Et Zuigi nous propose de manger chez lui lundi soir.
Ce soir nous étions convenus de manger chez Pedro. Nous y allons, nous amenons quelques bricoles dont manquent les Cubains : savons, vêtements, crayons à bille ….Ils sont ravis. Maintenant ils nous proposent d’organiser un cochon de lait à la broche pour dimanche soir. Là il est bien évident que c’est nous qui finançons tout ce qu’il faut, mais c’est Pedro et sa famille qui s’occupent de tout préparer.
Dans la journée de samedi un bateau belge s’amarre juste à côté de nous. A son bord le propriétaire du bateau bien sûr et Adrien, un équipier Cap Verdien qu’il a engagé pour l’aider à faire la traversée. C’est encore Michel qui a fait les premiers contacts. Le belge est parti dans les terres, Adrien est resté seul à bord de son bateau, il s’ennuie un peu, il passe tout son temps pratiquement avec nous. Encore des liens forts se tissent. Nous apprenons qu’il est en charge, à Palmeira, de contrôler les bateaux étrangers qui arrivent. Ce sera lui qui nous contrôlera le jour où nous arriverons.
Nous étions aussi convenus avec Zuigi de retourner à Santiago samedi soir afin d’écouter un concert de musique traditionnelle. Ce n’est pas tout à fait mon truc à moi, mais pour une fois et pour faire plaisir je me laisse convaincre. Nous y allons donc. La voiture pétaradante est garée proche de la salle. Nous entrons. Une petite salle au premier étage d’une maison, fenêtres grandes ouvertes, une trentaine de chaises installées autour de quelques tables. Les musiciens arrivent, commencent à accorder leurs instruments. Je deviens inquiet, car le niveau sonore me paraît très élevé. Enfin attendons. Le concert commence. Aïe aïe aïe mes pauvres petites oreilles. La sono est à fond, elle est de mauvaise qualité, la musique ne me plaît pas, à Edith pas trop non plus. Edith et moi voulons sortir et nous convenons d’un lieu de rendez-vous avec Michel et Zuigi qui, eux, souhaitent rester.
Edith et moi allons donc nous promener. C’est le centre ville, le quartier est sécurisé par la police, aucun danger, il n’en serait pas de même dans d’autres quartiers. Sur une petite place souvent on nous aborde, soit pour tenter de nous vendre un service, une entrée dans un concert, une babiole, soit tout simplement pour parler. Tout dans la bonne humeur, et le respect. En fait les Cubains aiment le contact avec les étrangers, ils sont heureux de parler de leur pays, et de montrer qu’ils connaissent aussi un petit peu du notre. Nous nous reposons un instant sur un banc, et regardons les passants, les voitures, les motos. Un jeune d’une vingtaine d’années nous aborde et, apprenant que nous sommes Français, nous parle dans notre langue pratiquement sans accent alors qu’il n’a jamais mis les pieds chez nous. Il n’a rien à vendre, uniquement le plaisir de parler avec des étrangers inconnus.
Nous retrouvons Michel et Zuigi. Puis retour à la marina. Comme la dernière fois Zuigi ne veut pas se faire payer pour sa course, nous le lui imposons, le tissage des liens est de plus en plus serré. Maintenant dodo.
Nous sommes dimanche matin, nous rencontrons Georges à la marina. C’est la personne qui nous avait répondu en français à la VHF. Très fier bien sûr de s’identifier. Puis nous parlons un peu. Il nous apprend qu’il a trois enfants, et nous demande si nous n’aurions pas quelques bricoles pour eux. Nous lui disons bien sûr que oui et nous lui promettons de lui préparer quelque chose. Dimanche soir le sac est prêt et avant d’aller manger le cochon de lait chez Pedro, nous mettons les affaires dans le sac à dos. Mais un imbécile de douanier a envie de faire du zèle. Il nous demande d’ouvrir mon sac à dos, il veut que je le vide. Je sors babiole par babiole, ça l’énerve, ce sont de petits vêtements il me demande pourquoi j’ai ça. Réponse, c’est pour laver. Bien, mais la chemise encore sous cellophane, réponse c’est un présent. Mais c’est interdit de sortir quoi que ce soit du bateau en dehors de la Marina. Alors je hausse les épaules, remet tout dans le sac à dos et lui dit que je vais chercher quelqu’un pour laver ce linge salle qui est tout propre. Je sors de la marina et le douanier me dit que pour cette fois ça passe, mais la prochaine fois il confisquera le sac. Nous revenons un quart d’heure après avec le sac toujours plein, prêts à lui dire que nous n’avons trouvé personne pour le laver. Nous allons voir Georges pour lui expliquer, en français (le douanier n’en comprend pas un mot), que c’était pour lui, et nous convenons d’un stratagème pour lui donner sans que le couillon ne s’en rende compte. Le soir, effectivement nous revenons avec notre sac à dos, l’imbécile est de service et nous entrons directement dans la boutique de la marina pour acheter quelques boissons pour la soirée cochon de lait chez Pedro. En même temps qu’on entre les bouteilles dans le sac à dos, on sort les affaires pour Georges. L’andouille de service est à quelques mètres, il n’a rien vu, rien compris. La soirée chez Pedro se passe bien, les liens se serrent de plus en plus, Adrien, même, nous accompagne.
Lundi est notre dernier jour, le soir nous allons chez Zuigi. Nous rencontrons son papa, un homme de 68 ans. Il aime son pays. Il en parle avec passion. Le dialogue est un peu difficile, à moitié anglais et à moitié espagnol, mais le courant passe si bien que nous arrivons finalement à comprendre plein de choses. Par exemple il est scandalisé par ce que les gouvernants ont fait de son pays après le départ des soviets. Plus rien n’est entretenu. Le pays ne produit plus rien alors qu’il est riche en ressources agricoles. Tout le monde est fonctionnaire et a un salaire, peu élevé certes, mais inoccupé. Dans la partie Sud, dont Santiago est la capitale, beaucoup de choses sont rationnées, une petite boule de pain dur tenant sans difficulté dans la main par jour et par personne, un savon par mois et par famille, une once de poulet par semaine pour une famille ayant un enfant. Une personne ayant travaillé 44 ans touche une retraite mensuelle de huit euros ! Nous nous quittons après moultes embrassades chaleureuses, ils ont été heureux de pouvoir parler librement, quelque chose de vraiment fort est passé entre nous.
Mardi matin, le départ. La douane est prévenue, elle doit faire les formalités de sortie du port, nous les attendons, ce n’est pas encore l’heure alors nous allons prendre une douche. Il n’y a pas d’eau dans les sanitaires, nous partons voir la capitainerie et sur notre chemin nous voyons notre douanier de service, qui veut inspecter le contenu de notre sac de toilette. Edith sort une serviette. Mais là le vase déborde. Je remets la serviette dans son sac et dis, en français, au douanier qu’il n’a pas à fouiller dans nos affaires de toilette. Il a parfaitement compris ce que je voulais dire. Et je reprends notre sac. Le douanier explique qu’il croyait que nous sortions de la marina. Je le regarde droit dans les yeux, hausse les épaules et lui tourne le dos. Il ne doit pas être habitué à être contesté le bougre et ne sait plus trop quoi faire.
Nous étions convenus avec Pedro de passer chez lui prendre les dernières courses qu’il nous a faites, mais nous voudrions aussi lui amener quelques choses. Entre autre un sac de cinq kg de riz et un teeshirt pour son petit d’une quinzaine d’années. Je mets deux teeshirts sur le dos, et prends mon sac à dos. Au moment où nous sortons du bateau nous apercevons notre grand copain occupé avec un bateau allemand, il nous tourne le dos. Nous passons d’un pas assuré et ferme derrière lui et continuons, sans nous retourner, d’un pas soutenu. Peut-être nous a-t-il appelés, en tout cas nous n’avons pas entendu et nous avons continué notre chemin. Nous sommes sortis de la marina, il est trop tard pour lui. Cinq minutes après, Michel nous rejoint avec le sac de riz, le douanier n’a rien vu. Chez Pedro nous chargeons les dernières courses, c’est le moment de l’au revoir. Embrassades accolades, on se serre fort, on évite de se regarder dans les yeux craignant un peu trop d’humidité. Nous rentrons au bateau, sur le dos je n’ai plus qu’un teeshirt, je ne regarde même pas l’andouille de service et nous montons à bord.
Un autre douanier arrive pour le contrôle et les papiers, celui-là nous le connaissons, nous l’avions déjà vu à notre arrivée, efficace, professionnel et sympa. Il nous souhaite bonne route et bonne visite dans son pays. Quelques autres douaniers sont là aussi pour inspecter un bateau qui vient d’arriver. Comme nous n’avions pas eu de tampon sur nos passeports nous leur demandons s’ils peuvent en mettre un. Ce n’est pas habituel pour eux, mais comme nous avons la cote, l’un d’entre eux se fait un plaisir de nous satisfaire. Vraiment sympa ces gens là.
Les formalités sont faites, maintenant nous pouvons larguer les amarres. Nous n’oublions pas Adrien, le pauvre se retrouve tout seul. Il va s’ennuyer. Beaucoup de monde sur le quai pour saluer notre départ, des officiels que nous connaissions. Grands gestes des bras et des mains. Nous sortons de la baie de Santiago. Nous sommes partis pour une navigation de 165 miles.
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toujours aussi beau et chaud!!!!nous toujours froid cet hiver!!!
on vous souhaite encore plein de belles choses à vivre et à voir et à nous partager.....GROS BISOUS DE TOUTE LA FAMILLE
Merci les amis de nous faire partager votre voyage et des quelque photos . Nous avons recu vos bons voeux il y a peu de jours, nous vous en remercions vivement et vous offrons les nôtres de bonne sante et la perceptive de nombreux voyages.
à bientôt la belle saison qui vous ramènera à la maison où vous retrouverez la famille, les amis et les animaux. bonne continuation et bon vent ! bisous jacqueline et gérard
pour gaelle
Vendredi departira sans doute avec toutes les photos sur une cle. de toute facon nous les aurons toutes sur nos disques au retour.
bisous a toi.
Jean
Vendredi ? Moi je trouve que ça lui va bien ce nouveau prénom à mon papounet!
Toujours aussi agréable de te lire cher Jean !
Quel coïncidence !!! nous avons justement mangé une flammenckuch maison ce soir ! mais nous, elle a fini dans nos assiette ...dslé !
N'y a t'il pas un moyen pour nous laisser plus de photos sur un album ? vous savez, nous avons grand besoin de chaleur içi !!!
@ bientot de vous lire de nouveau
bizzzzz
gaelle et sa tribue